Le congrès des redresseurs d'El Islah aura lieu aujourd'hui à El Harrach. M.Yazid Zerhouni, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, vient de confirmer la sanction prise contre le Mouvement El Islah l'empêchant de participer aux élections législatives de mai 2007. La raison a un lien direct avec la crise qui secoue le parti depuis près de trois ans, avec la naissance d'un mouvement dit «de redressement», qui conteste la paternité de M.Djaballah sur El Islah. Dans une déclaration accordée, hier à l'APS, le ministre affirme que le leader islamiste n'a pas de prérogatives de parrainer des listes électorales. Et pour cause, «selon un grand nombre de militants de ce mouvement, Djaballah n'est plus habilité à diriger le parti parce que son mandat a expiré en 2004». Djaballah, en vertu du statut intérieur du parti, ne peut pas aussi convoquer un congrès. La décision revient au conseil consultatif, fait rappeler le représentant de l'Exécutif. En effet, le madjless echoura d'El Islah a bel et bien constitué une commission de préparation de congrès qui a demandé l'autorisation d'organiser ses assises. Fait saillant, Zerhouni nous apprend que cette autorisation a été acceptée. Le ministre faisait-il allusion au congrès du mouvement de redressement prévu pour aujourd'hui. Tout porte à croire que c'est le cas. Paradoxalement, le mouvement de redressement d'El Islah a envoyé, hier, un communiqué, signé par M.Boulahia, député et ex-président du conseil consultatif, dans lequel il invite la presse à assurer la couverture du congrès prévu à la salle des fêtes, Sogens à el Harrach. Le bras droit de Djaballah appuie cette thèse: «Le ministère de l'Intérieur a donné le feu vert aux redresseurs pour tenir leur congrès. Quant à notre demande elle a été tout simplement rejetée.» La position du ministère de l'Intérieur impose toutefois plusieurs interrogations. De prime abord, le ministère de l'Intérieur a suspendu le congrès d'El Islah depuis le 27 décembre 2004 jusqu'à ce que la justice tranche la question. Or, à ce jour, le conseil d'Etat n'a pas rendu son verdict. Deuxièmement, le ministre de l'Intérieur a refusé de valider le premier congrès parallèle du mouvement de redressement, tenu le 2 juillet 2005 à Aïn Benian, au niveau de la salle des fêtes Prestige. Un congrès qui n'a pas été autorisé par le ministère de l'Intérieur. Dans le document émanant de la wilaya d'Alger exhibé, à l'époque par les organisateurs à l'intention de la presse il n'était point mentionné le mot congrès. En fait, le mouvement de redressement avait introduit une demande au nom de trois personnes: Hacène Laribi, Ahmed Boulahia et Djahid Younsi. L'objet de la rencontre tournait autour «de la situation politique dans le parti.» Par ailleurs, en réponse à Djaballah qui a affirmé mardi, que le département de Zerhouni n'a jamais contesté sa position dans le parti, arguant du fait que tous les meetings et les congrès régionaux ont fait objet d'une demande établie en son nom, Zerhouni atteste que, «M.Djaballah n'a pas eu l'autorisation de tenir des congrès régionaux au nom du parti El Islah». Il ajoute qu'«il y a eu des réunions tenues à la demande d'au moins trois personnes, comme le permet la loi, mais ces demandes n'ont pas été faites au nom du parti El-Islah», a-t-il expliqué. Le congrès programmé pour demain va définir l'avenir du parti. Zerhouni a confirmé cela, en précisant que «nous attendons l'issue de ce congrès pour savoir qui va diriger le parti et qui sera habilité à désigner les candidats du parti». Les motivations de la sanction prononcée contre Djaballah sont dépourvues d'arrière-pensée politique, a laissé entendre le ministre de l'Intérieur, en précisant que El Islah et Djaballah n'ont pas de problème avec l'administration, mais, a-t-il dit «c'est M.Djaballah qui a des problèmes avec son parti et ses militants». Il n'a pas, par contre, expliqué la participation d'El Islah aux partielles et aux sénatoriales. Le ministre a indiqué, en outre, que la demande d'audience émise mardi par M.Djaballah a été acceptée. S'agissant de la décision de M.Djaballah de recourir à la justice, en cas d'absence de dialogue, le ministre a indiqué qu' «il est libre de s'adresser à la justice. Il a d'ailleurs une affaire en justice qui a été introduite par ses opposants dans le parti». De son côté, M.Abdellah Djaballah a réagi, hier, aux déclarations de Zerhouni. Il a précisé, de prime abord, qu'«à aucun moment le conseil consultatif du parti n'avait émis une demande d'autorisation pour tenir un congrès». Le ministre, soulève-t-il, est «tombé dans le piège» des redresseurs. Il n'a pas, par ailleurs, fait allusion à sa stratégie de riposte. Notons que la classe politique n'a pas réagi à ces développements. Contacté par nos soins, le RND, par le biais de M.Miloud Chorfi, a expliqué que c'est une affaire qui concerne en premier lieu El Islah. Quant au MSP, il a tenu un discours diplomatique, exprimant son souhait de voir tous les partis prendre part à ce rendez-vous électoral.