Quoi que l'on dise, le citoyen dépense déjà beaucoup pour sa santé, annonce d'emblée le ministre qui promet de défendre, vaille que vaille, ce droit constitutionnel. A ceux qu'effraye la réforme hospitalière, Aberkane dévoile que l'Algérien ne peut plus voir sa santé gérée par une loi dépassée par les événements et datée de 1985. Ajoutant que ce dernier n'a jamais réellement bénéficié des privilèges qu'accorde la médecine «gratuite» rappelant par exemple que sur les 53 milliards de dinars alloués au secteur de la santé publique, 10 ont été consacrés aux soins à l'étranger. Qui a été traité et avec quels résultats? s'interroge le ministre qui insiste sur la nécessité de se débarrasser des préjugés, manière de dire qu'il n'y a pas un système de santé meilleur qu'un autre et que le tout est de s'adapter déjà aux changements en cours, épidémiologiques et démographiques à l'échelle du pays. En outre et même en l'état actuel des choses, les ménages participent à hauteur de 35 % des dépenses globales pour la santé; 35 autres revenant à l'Etat et 30 à la Sécurité sociale. Des chiffres attestant la «chimère» de la médecine gratuite. Une médecine qui aurait coûté excessivement cher à l'Etat en l'absence de tout paramètre comptable et de gestion l'accompagnant. Désormais, Aberkane compte, à travers, l'analyse de l'état des lieux de nos hôpitaux, mettre fin à l'idée: «Pourquoi compter puisque c'est gratuit?». Une vue erronée qui a longtemps sévi dans les hôpitaux avec une gestion exclusivement dépensière ayant engendré une dette pour les établissements de plus de 14 milliards de dinars. Elle ne sera que de 8,4 milliards à la fin de cette année selon une appréciation du département d'Aberkane. Rappelons que ce dernier a déjà introduit les primes d'intéressement au sein des structures hospitalières publiques pour une saine émulation des praticiens, ce qui est en droite ligne de la revalorisation de l'activité médicale publique. Mais ce sont surtout là autant d'arguments adressés, en termes à peine voilés, à quelque tendance tapie au sein même du système national de santé et dont les privilèges et intérêts ont pris une proportion telle que tout changement dérange. Les déclarations des apôtres du statu quo, par presse interposée, ne sont que purs «papotages», fait remarquer le ministre qui dit s'inscrire dans la démarche du chef de l'Etat et celle de son Exécutif décidés à réformer les structures de la République selon une logique des plus actuelles. «Les tirs de barrage n'apportent rien au débat en cours, sur tout le territoire national où toute les institutions de l'Etat sont informées de notre plate-forme de propositions en matière de réforme», insiste le ministre qui ajoute que l'Algérie ne se limite à pas Alger la capitale. Informant que le budget octroyé à la santé pour 2003 est augmenté de 10 % et qu'il est plutôt question de savoir où il ira et comment le fructifier quitte à revoir la carte sanitaire du pays. Aberkane compte, à ce propos, encourager les volontaires à l'installation dans le Sud et en zone enclavée. Pour conclure Aberkane dit qu'il n'est pas en train d'inventer l'eau chaude : les changements auraient commencé, il y a de cela trois ans, sous forme de projet de loi en préparation. «Appelé à Alger j'ai eu le courage de soumettre d'abord la question de la réforme à discussion et à débat. Bien entendu, rien n'est encore décidé. Personnellement je ne suis pas particulièrement friand des batteries de lois donc ceux qui parlent de loi concoctée en aparté ne font finalement que dans l'alarmisme! Ma mission aujourd'hui est d'abord de mettre de l'ordre dans un système de santé en retard d'une guerre par rapport aux autres nations, notamment par l'adéquation des mécanismes de sécurité sociale et de remboursement. Ni loi votée ni ultralibéralisme donc. Que le bon sens l'emporte!»