Si l'alliance se fait, les deux parties y trouveront «leurs comptes». De sources sûres, nous avons appris que la structure de représentation, qui a remplacé le CC-FIS, a émis le voeu de voir le groupe armé, le Gspc de Hassan Hattab, adhérer à sa démarche politique et souscrire à sa légitimité d'«unique instance de l'ex-FIS en Europe». Notre source, proche de l'ex-imam de Médéa, Ahmed Zaoui, aujourd'hui mis en examen en Nouvelle-Zélande, ajoute que, depuis son élection en tant que structure représentative lors d'un congrès clandestin dans la capitale belge, celle-ci n'a pas perdu de temps en prenant ou, pour le moins, en essayant de prendre contact avec la plupart des chefs des groupes armés. Le groupe Dhina est arrivé à cette certitude: la quasi-totalité des groupes armés ne présente aucune crédibilité, aucun lien avec l'ex-FIS et aucune légitimité de mener une action armée au nom de l'Islam. En fait, le groupe Dhina-Fillali-Habès voulait se réserver la belle part. Le Gspc. C'est-à-dire le plus important des groupes armés en activité, et celui qui constitue la plus belle carte à jouer pour le moment. En envoyant des émissaires chez Hattab, le groupe Dhina joue sur deux fronts. Le premier, celui d'être un interlocuteur privilégié du Gspc, de le rallier à sa démarche et, le cas échéant, en user comme d'une carte vis-à-vis du pouvoir. Le second, celui de «laisser sur le carreau» le groupe d'Alger, constitué, en fait, des véritables leaders historiques et membres fondateurs du FIS. Quoi qu'il en soit, aucune réponse n'est venue au secours du groupe Dhina, et il y a fort à parier qu'elle ne viendra pas de sitôt. Hattab, qui avait rejeté l'offre de paix, au lendemain de l'investiture du Président de la République, en a rejeté plusieurs autres. Des liens avaient été noués et des contacts établis, des émissaires, porteurs de messages de paix, avaient escaladé les montagnes de Kabylie pour convaincre l'émir national du Gspc de déposer les armes, mais il semble bien que celui-ci n'ait pas été convaincu et ne soit pas près de l'être. A bien y penser, si l'alliance aussi vraisemblable qu'elle puisse paraître, se fait, les deux parties y trouveront leurs comptes. Le groupe Dhina, aujourd'hui ultraminoritaire, sera porté en pole position pour négocier avec les autorités une reddition du Gspc. Et celui-ci, qui avait cherché, au moins une fois, une sortie honorable, trouvera une occasion pour faire valoir ses conditions de cesser les hostilités. Cependant, l'enchevêtrement des fils et la confusion des données du terrain rendent utopique toute prévision. D'un côté, nous assistons à une percée spectaculaire du Gspc dans la Kabylie et à l'est du pays où, depuis le début de l'année, ses groupes ont assassiné au moins 60 militaires, GLD et policiers. Cette reprise des attaques a fait la «une» des médias, plusieurs fois, et a donné une hégémonie écrasante au Gspc par rapport à tous les autres groupes armés. D'un autre côté, et au vu même des attaques menées à Batna, à Jijel, à Skikda et en Kabylie, il y aurait de fortes dissensions dans la direction du Gspc. La mort de l'émir régional de Tizi Ouzou, tué il y a quelques jours, a privé Hassan Hattab de son plus fort allié dans une région très particulière (la Kabylie, Ndlr) tout en attisant l'appétit de ses deux lieutenants Abbi Abdelaziz et Ammari Saïfi. Voilà dans une vue synoptique, comment se présente la situation. De toute évidence, les zones d'ombre, qui persistent, seront mises à contribution par les uns ou par les autres dans un contexte où il n'est pas toujours établi que les données du terrain seront privilégiées. La marge de manoeuvre reste assez large pour toutes les intrigues et les manipulations imaginables.