En enfourchant le mouvement citoyen en Kabylie, les démocrates ont pour objectif de faire le plein de voix à cette occasion. Les leaders de la famille dite «démocratique et républicaine» se sont exprimés récemment sur les questions de politique nationale. Chacun y est allé de son discours sur la conjoncture qu'il estime très défavorable «pour les forces patriotiques nationales». Pour El-Hachemi Chérif, comme pour Saïd Sadi, Boubnider et Sid Ahmed Ghozali, il y a une dérive réelle du pouvoir en Algérie. Ces leaders politiques accusent le chef de l'Etat de rouler pour les islamistes qu'ils assimilent aux «forces de la régression». Mieux les deux partis (RCD et MDS), qui ont été les premiers à annoncer la couleur par rapport à la prochaine échéance électorale, développent un discours quelque peu contradictoire, en accusant le chef de l'Etat de faire dans le populisme d'un côté, et lui reprochent, d'un autre, de ne pas ouvrir les vannes de la plus-value financière. Saïd Sadi accuse le Président de la République de vouloir utiliser l'excédent de la trésorerie pour se lancer dans une «opération de charme en direction de l'électorat». Quant à El-Hachemi Chérif, quelque peu déstabilisé par la déclaration du général Mohamed Lamari, crie au danger éminent qui guetterait la caractère républicain de l'Etat algérien. Ce sont là les plus récentes réactions des leaders de la famille démocrate qui ne semble pas encore remise d'une désaffection électorale, consécutive à son absence aux dernières législatives et locales que de nombreux observateurs qualifient de globalement honnêtes. Le boycott de ces deux consultations électorales constituait justement l'un des chevaux de bataille des «républicains». En enfourchant le mouvement citoyen en Kabylie, les chefs de file de la famille des démocrates, espéraient, sans doute, surfer sur la vague de contestations dans la région, aux fins de construire une réelle opposition politique au pouvoir en place. Il va sans dire que l'objectif poursuivi est de faire le plein de voix probables à l'occasion de la prochaine élection présidentielle. Aussi, a-t-on assisté au plus fort de la contestation, de nombreuses déclarations de soutien aux ârchs émanant des états-majors du RCD, du MDS, voire du CCDR, une instance justement créée pour fédérer les démocrates lors de la présidentielle de 99. Ce soutien «actif» est relayé par une presse acquise aux thèses défendues par ceux qu'on qualifie, à tort ou à raison, d'éradicateurs. Pis, cette même presse, partie prenante de la campagne anti-Bouteflika, s'engage corps et âme dans la bataille. C'est ainsi que l'on annonce clairement la couleur de la prochaine campagne électorale qui a toutes les chances d'être féroce. Les observateurs de la scène nationale accréditent néanmoins ce courant d'une faible audience au sein de la société pour de multiples raisons, notamment les luttes de leadership qui le minent, en plus du fait qu'il n'apporte pas de réponses convaincantes aux interrogations des citoyens. A ce propos, il convient de relever, selon les mêmes observateurs, la faiblesse des propositions programmatiques des partis démocrates qui ont tout misé sur le mouvement citoyen en négligeant les aspects socio-économiques, pourtant jugés essentiels pour l'écrasante majorité de la société, même en Kabylie. La stratégie des démocrates pour la prochaine échéance électorale est donc bâtie sur une logique de contestation et non de propositions constructives. En d'autres termes, ils font, sur la personne du chef de l'Etat, une fixation, réclamant son départ, mais sans pour autant avancer une alternative crédible. Toutes les sorties médiatiques des leaders de l'opposition démocratiques, pèchent, en effet, par un discours qui a tendance à être par trop répétitif. Cet état de fait est dû, selon de nombreux observateurs, par l'incapacité apparemment chronique, des démocrates à fédérer effectivement leurs forces et développer par là même, une stratégie sérieuse pour la prise du pouvoir par les urnes. En d'autres termes, il existe une méfiance quasi maladive au sein même de cette famille qui, pour des raisons partisanes ou conjoncturelles, se déchire sans préavis. On en a pour preuve, l'entrée du RCD au gouvernement a provoqué un véritable séisme, après un semblant de cohésion constaté la veille de l'élection présidentielle de 99. Ces derniers temps, les démocrates donnent d'eux l'image d'une famille soudée, mais il n'en demeure pas moins qu'aucune démarche n'est entreprise pour tenter de trouver un candidat commun à la mouvance pour le prochain rendez-vous avec les urnes. Premiers à lancer la campagne pour la présidentielle, les démocrates risquent de la boycotter à défaut de trouver leur poulain. Le scénario de 99 peut se répéter.