Depuis deux décennies, l'Algérie est meurtrie par la perte cruelle de dizaines de milliers de victimes du terrorisme islamiste : policiers, gendarmes, militaires, de simples fonctionnaires ou citoyens. En témoigne le massacre à Timezrit (Boumerdès) du 3 juin à l'encontre de correcteurs de l'Education nationale et de leur escorte, où huit policiers et deux enseignants ont été sauvagement assassinés, celui du 18 juin, où 18 gendarmes officiellement ont été assassinés sur la route nationale no 5 (Mansourah-Bordj-Bou-Arréridj), et celui du 22 juin, où 5 gardes communaux ont été massacrés dans la région de Siyar (Chechar-Khenchela). Ces actes terroristes démontrent une nouvelle fois l'inanité de la politique de « réconciliation nationale » prônée par le pouvoir et contrairement à ce que ressasse le chef du gouvernement depuis 1996, ces nouveaux carnages sont la preuve que l'islamisme n'a pas renoncé aux armes et que sa capacité de nuisance est loin d'être « résiduelle ». Pendant que la société compte ses morts, le gouvernement n'a pas la moindre émotion à l'égard des familles endeuillées ou fait dans l'omission. Le pouvoir n'hésite même plus à porter atteinte à la dignité de citoyens qui ont consenti par le passé d'immenses sacrifices pour libérer le pays et qui continuent aujourd'hui à le défendre au risque de leur vie contre les hordes islamistes comme Mohamed Gharbi, moudjahid et patriote, qu'une justice aux ordres, au déni du contexte politique, veut confondre de « criminel ». Une telle manœuvre déshonore l'Histoire de l'Algérie combattante et traduit un nouveau seuil dans la compromission avec l'islamisme politique. Le MDSL s'incline devant la mémoire de toutes les victimes du terrorisme (forces de l'ordre, patriotes, militaires, gendarmes, citoyens), présente aux familles ses sincères condoléances et assure le patriote Mohamed Gharbi de sa solidarité la plus totale. Les islamistes ne frappent pas exclusivement au plan militaire. Confortés par le soutien du pouvoir, ils sont très actifs au plan politique. Menasra, islamiste notoire de Hamas et ancien ministre de Bouteflika, ne cache pas que son objectif principal est de restaurer l'Etat théocratique et ne s'embarrasse pas de désigner publiquement aux terroristes islamistes les prochaines cibles, les laïques notamment, qu'il qualifie de « traîtres à la nation ». Les islamistes manœuvrent avec leurs alliés du FLN pour tenter d'arracher la promulgation d'une loi sur l'amnistie générale. Ils veulent profiter des largesses politiques du pouvoir pour offrir une tribune en Algérie à un des leaders les plus virulents du mouvement des frères musulmans, le tristement célèbre Tarik Ramadan. Ils exercent par ailleurs d'énormes pressions sur la société en lui imposant de nouveaux codes de conduite au nom de la morale islamiste : ils poussent ainsi à la fermeture des bars-restaurants. On a même vu à l'université de Sétif qu'une étudiante s'est vue notifier une menace d'exclusion au motif qu'elle ne portait pas le voile le jour des examens. Au plan international, l'ère d'Obama ne semble pas ouvrir de perspectives prometteuses quant à la résolution de la question du Moyen-Orient. Son soutien au gouvernement israélien, en dépit de toutes les résolutions de l'ONU de 1948 à nos jours, qui reconnaissent pourtant la nécessité de deux Etats (palestinien et israélien) et la restitution des territoires occupés depuis 1967, reste entier. Le discours tenu au Caire par Obama a été particulièrement rétrograde sur la question des femmes. Les dernières manifestations de centaines de milliers de citoyens iraniens au lendemain de l'« élection » présidentielle, revendiquent certes plus de démocratie, mais l'Etat iranien, gouverné par Ahmadinejad ou Moussavi, reste un Etat théocratique. La renaissance du peuple perse, qui aspire au changement, à la démocratie, et au modernisme n'est possible que dans le cadre d'un Etat républicain et laïque, seul garant des libertés fondamentales. Pendant ce temps, la situation sociale, économique et culturelle en Algérie ne cesse de se dégrader malgré les réserves importantes (150 milliards de dollars) dont dispose le pays. Il faut sortir de l'impasse de la crise, abolir les fondements sur lesquels s'arc-boute ce système et s'inscrire dans une vision stratégique en pensant les questions fondamentales du développement. L'Algérie est orpheline d'un projet de société moderne apte à l'engager sur les rails du XXIe siècle et susceptible de l'arracher de l'ornière dans laquelle l'a clonée le système rentier. Autrement dit, seule la double rupture, aussi bien par rapport au système rentier, maffieux et bureaucratique d'une part et l'islamisme politique d'autre part, sera la clef du succès d'une telle démarche. Pour réaliser cette double rupture et atteindre ces objectifs patriotiques, le seul moyen est la mobilisation la plus large des citoyens qui aspirent à la démocratie, à la liberté d'expression, à l'égalité et à l'universalité. A la veille du 5 juillet 2009, date du 47e annivesaire de l'indépendance du pays, le MDSL appelle de nouveau les forces démocratiques à transcender leurs divergences et à tout faire pour que le rassemblement puisse se réaliser dans toute sa diversité. Il n'est jamais trop tard de consaerer ses efforts pour atteindre l'objectif d'une Algérie moderne, républicaine, démocratique et laïque. Alger le 27 juin 2009, P/ Le comité national de préparation des assises du MDSL (*)Mouvement démocratique social et laïque