Pour le patron de la Centrale, Hamid Temmar fait partie, désormais, d'une équipe solidaire et responsable. Changement de ton, hier, à la Maison du peuple. Abdelmadjid Sidi Saïd, en attendant la célébration des festivités du 1er Mai, a présidé hier une assemblée générale des syndicats de l'agroalimentaire à laquelle a également pris part le secrétaire général de la fédération, M.Benabou. Devant une salle chauffée à blanc, le secrétaire général de l'Ugta a fait un discours enflammé dans lequel il a annoncé une bonne partie des mesures déjà développées par nous dans notre édition d'hier. La plus grande annonce, toutefois, a été d'ordre plus ou moins «politique». Le patron de l'Ugta, qui dit avoir «attendu depuis trop longtemps sans rien voir venir», a décidé de «rendre tout le gouvernement responsable des agressions à répétition dont est victime le monde du travail». Pour Sidi Saïd, désormais, «Hamid Temmar et Chakib Khelil font partie d'une équipe gouvernementale, solidaire en théorie», aussi «leurs actions sont-elles à inscrire au passif de toute l'équipe de Ali Benflis». Abdelmadjid Sidi Saïd, qui prévoit des mesures concrètes et immédiates, lesquelles seraient annoncées lors du très attendu discours du 1er Mai devant être prononcé à partir de Aïn Témouchent, a estimé qu'«il faut absolument arrêter la machine infernale qui menace d'emporter avec elle tout le secteur public et des centaines de milliers de travailleurs». Le choix de l'agroalimentaire, du reste, n'est pas fortuit puisque dans son plan de privatisation des entreprises publiques par paquets de quarante, dont nous avons donné la liste exhaustive dans une précédente édition, Hamid Temmar inclut les unités de production de lait en tête de liste alors qu'il n'ignore pas que ce produit constitue un des principaux aliments de base du citoyen algérien. Abdelmadjid Sidi Saïd semble avoir rompu tout dialogue avec l'Exécutif. Cette situation restera en l'état, a-t-on cru comprendre, tant que le gouvernement ne donnera pas les preuves de sa bonne foi, notamment en s'en tenant aux accords de la rencontre du 29 décembre durant laquelle les pouvoirs avaient en quelque sorte été ôtés à Temmar pour être placés entre les mains de Benflis sans que la décision devienne effective jusque-là. Abdelmadjid Sidi Saïd menacerait, si le besoin s'en faisait sentir, de «recourir à une nouvelle grève nationale plus longue que la précédente». Dans le cadre de ses activités de contestation du plan gouvernemental, l'Ugta compte également «organiser des grèves sectorielles et cycliques». Cette démarche est motivée, notamment, par le grand succès qu'ont connu les débrayages organisés dans les secteurs des finances et de l'éducation. La grève nationale, elle, ne serait envisagée qu'en dernier recours. Comme souligné hier, en effet, la bipartite sur laquelle reposent les espoirs de tous les travailleurs semble avoir été renvoyée aux calendes grecques. Sauf compromis de dernière minute, le risque est grand de voir cette échéance reportée jusqu'à la prochaine rentrée sociale. Mais les mêmes supputations prêtent à penser que la Centrale ne restera pas les bras croisés pendant tous ces mois. C'est, en effet, durant cette période, croit-on savoir, que l'Ugta compte aller vers des grèves sectorielles tout en préparant son débrayage national, lequel pourrait fort bien se faire à la veille de la bipartite dans le but de donner la pleine mesure de la force de l'Ugta et de son intention, cette fois-ci, d'aller jusqu'au bout de ses revendications. Le sort en est jeté...