L'achèvement des structures secondaires de l'autoroute est une nécessité urgente pour aider à promouvoir cette région. Si l'ouverture du nouveau tronçon d'autoroute est-ouest reliant directement la Chiffa, Mouzaïa et El Affroun, a introduit beaucoup de satisfaction aux automobilistes et transporteurs, elle a par contre induit des effets secondaires négatifs sur la vie sociale et économique des localités traversées. La première à souffrir de cette ouverture précipitée et brutale, est la commune de Aïn Romana et sa zone industrielle, situées à la lisière du mont de Tamazguida. Elles ont été doublement sanctionnées. A l'enclavement précédent, parce que cette zone rurale a beaucoup souffert de l'isolement et du terrorisme, vient s'ajouter la frontière tracée par la nouvelle autoroute qui n'a pas été suivie de toutes les commodités et autres infrastructures adjacentes. Ainsi pour rejoindre le chef-lieu de la commune, les passagers, notamment les travailleurs et les écoliers, sont contraints d'emprunter un long détour de quinze kilomètres en passant les villes de la Chiffa et de Mouzaïa par manque de bretelles et d'échangeurs. Pour leur part, les agriculteurs et les industriels de la région ressentent vivement cet handicap majeur. L'industriel Tayeb Ezzaraimi qui dirige la plus grande semoulerie de la Mitidja, située dans la zone industrielle de Aïn Romana, tire la sonnette d'alarme. «Cette ouverture au lieu d'apporter de l'eau au moulin et de contribuer à rapprocher la commune déjà isolée, a compliqué davantage cet isolement, vécu par aussi bien les habitants que les rares industriels qui avaient accepté de venir investir dans ces lieux retirés», a-t-il dit. «Pour ce qui nous concerne, poursuit-il, on enregistre quotidiennement une moyenne de quatre cents camions qui viennent alimenter nos sept unités de production employant 600 personnes directes et plus de 1500 indirectes ou s'approvisionner chez nous, et qui sont contraintes de faire une longue traversée avant de nous rejoindre, alors qu'un échangeur aurait mis fin à ce calvaire qui perdure». Il y a 1700 tonnes de blé qui sont acheminées quotidiennement des ports d'Alger et de Ténès par de gros camions d'une capacité de 38 tonnes chacun et qui sont contraints de faire un grand détour en passant par les villes d'El-Affroun, Mouzaïa et la Chiffa avant d'atteindre la zone industrielle par faute d'un simple échangeur. «Nous avons effectué des démarches auprès des autorités concernées pour les sensibiliser sur ce problème, et nous attendons une réponse urgente à une doléance qui n'est pas uniquement la nôtre», a-t-il dit en ajoutant que «pour montrer notre bonne volonté, nous nous sommes proposés de financer nous-mêmes les travaux de construction de l'échangeur». Par ailleurs, cette autoroute établie selon un ancien plan ne tenant pas compte de la spécificité de la région et des nouvelles mutations introduites, constitue une source de problèmes pour les locaux qui reviennent pour s'y installer après une longue absence. «On oublie que la route traversant Aïn Romana est un axe routier important et stratégique, car servant de relais avec Médéa et Khemis-Miliana. Dans les cas d'urgence, elle sert de doublure aux routes nationales, la une et la deux, vers le Grand-Sud et l'Ouest. En 1994, lorsque les terroristes avaient saboté un pont au niveau de Oued Djer, toute la circulation avait été déviée sur Aïn Romana», a tenu à rappeler M.Ezzraimi soulignant que c'était un axe routier à ne pas négliger. De même que, relève-t-on par ailleurs, suite aux récentes intempéries et aux éboulements qui avaient bloqué la route de la Chiffa, tenant l'arrière-pays en otage et provoquant des ruptures d'approvisionnement surtout en carburant et en gaz butane, la route de Aïn Romana a encore montré son utilité. C'est une route qui a une double vocation servant d'abord les habitants de la commune et des régions environnantes, ainsi que l'importante zone industrielle, qui comprend outre les semouleries de Mitidja, une dizaine d'entreprises. Aussi, l'achèvement des structures secondaires de l'autoroute est d'une nécessité urgente pour aider à promouvoir cette région qui souffre de l'isolement en dépit de ses atouts stratégiques.