Dans les colonnes d'un confrère, l'ancien Chef du gouvernement livre une repartie virulente à son vis-à-vis. Comme si les deux hommes voulaient ressusciter les vieux démons. Hier encore, ils étaient frères dans le combat de libération nationale. Ils semblent, aujourd'hui, ne plus obéir aux mêmes référents. Belaïd Abdesselam ouvre les armoires de l'Histoire et sur ce ton de l'invective, livre quelques «souvenirs de guerre». Pour ce dernier, la rivalité que lui voue le militaire de carrière reviendrait à de simples différends personnels qui les séparent et qui relèvent de convictions idéologiques et culturelles. «L'apôtre de l'industrie lourde» fait de la dimension arabo-musulmane de l'Algérie une chasse gardée. Il accuse son vis-à-vis d'aliéner l'Etat au profit d'une vision laïco-démocrate. C'est dire l'anachronisme qui caractérise «la dialectique». Belaïd Abdesselam cite l'épisode de la démission des élus RCD locaux, alors qu'il était à la tête du gouvernement, et accuse Touati de quelque manigance dans l'ombre. Le général serait même l'artisan de la littérature du Rassemblement national initié par le défunt Président Boudiaf. L'homme de Kenitra aurait refusé catégoriquement les surenchères de quelque minorité idéologique que ce soit. Critiqué sur le volet économique, l'ex-Premier ministre n'en fait pas cas et explique que le différend initial est à l'origine de son départ précipité du gouvernement. Il dit s'être opposé au rééchelonnement contrairement à Touati qui était l'un de ses plus fervents défenseurs. Le cercle de ce dernier était pour un commerce extérieur sans freins. L'Algérie risquait de devenir ainsi le lieu idéal du blanchiment d'argent sale. Belaïd Abdesselam ajoute que la loi sur l'investissement qu'il avait instaurée alors, ne plaisait pas beaucoup à Touati qui l'avait qualifiée de Code pénal non conforme aux données économiques. Belaïd Abdesselam se vante enfin d'avoir laissé à son départ 2 milliards de dollars dans les caisses. Les biens de l'Etat sont cette autre question sur laquelle il insiste et au sujet de laquelle il s'est fait beaucoup d'ennemis, car il s'opposait à leur vente au dinar symbolique.