A l'optimisme du patron de l'Aadl, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme oppose la pondération que dicte le terrain. Si le premier parle de livraison des logements en mars, le second préfère donner l'échéance réaliste de l'automne 2003, dans le meilleur des cas. «Les logements qui peuvent être livrés en mars ne le sont qu'à titre d'échantillon», a laissé entendre le ministre. Par ailleurs, nous apprenons, d'une source proche du ministère de l'Habitat, que la Cnep traîne la patte notamment en faisant la fine bouche par rapport au choix des terrains. Du coup, la Cnep, qui compte se charger de la réalisation de 65.000 logements, serait encore au stade du choix des sols et de l'étude géotechnique. Au fil des sites inspectés sous un soleil de printemps, le tandem H'mimid-Bounafaâ et la délégation qui l'accompagnait ont eu droit à leur part de surprises heureuses et malheureuses. Après une première escale au chantier de Gué de Constantine, les premières anomalies ont été remarquées aux Eucalyptus où le chantier est tenu par un promoteur algérien, mais c'est à Boumati que le ministre de l'Habitat a fait de sévères remontrances au responsable de ce chantier situé dans un quartier populaire de la banlieue de la capitale. «Vous ne pouvez pas être dans les délais!», a lancé le ministre à son vis-à-vis. Il faut dire que dans ce chantier Aadl, les bâtiments sont encore vraiment au stade «virtuel». Mais heureusement que le site des Bananiers est là pour dire que la prestance algérienne n'est pas obligatoirement synonyme de médiocrité. En effet ce site est vraiment le joyau de l'Aadl. Sous le management de Cosider dont le représentant a été félicité par le ministre, le site des Bananiers est une réussite et rassure de par la qualité de l'oeuvre; l'état d'avancement des travaux y est à 85 %. Six tours (64 logements chacune ) pourraient y être livrées, en contractuel, avant mars 2003, avance-t-on. Le ministre y a clairement rappelé que les logements devront être livrés en totalité: «La réception doit être totale et non partielle sur l'ensemble du site et sans aucune réserve y compris le VRD». Déjà un niveau témoin a été livré aux Bananiers. L'objectif demeure la livraison de 26 blocs totalisant 1574 logements. L'on promet d'être dans les délais, c'est-à-dire le dernier trimestre 2003. «Nous n'avons encore livré aucun logement ici», nous dit-on aux Bananiers. Bien entendu, les chantiers de l'Aadl ne sauraient se passer des Chinois. Ces derniers, présents à Bab Ezzouar 1 et 2, Draria et El Achour ont eu droit à la visite d'inspection. Hormis El Achour qui serait selon le ministre «la seule fausse note» des chantiers chinois, tous les autres honorent leurs engagements. Ainsi, à Bab Ezzouar 1, le projet des 1444 logements est réalisé à 59 % et l'on projette la fin contractuelle des travaux en novembre 2003. Les Chinois disent avoir été freinés dans leurs travaux par les dernières intempéries qui leur ont causé un retard d'avancement de quarante jours. Cela est particulièrement vrai pour Bab Ezzouar 2 où le taux d'avancement est de 31,44 %, ce qui représente 850 logements entamés. Rappelons que le secret de la vitesse des Chinois réside dans la formule des 3x8, une formule que le ministre de l'Habitat conseille aux constructeurs nationaux. A El-Achour où des blocs de neuf étages (R + 9) ont déjà émergé du sol, la Société nationale des travaux de construction de Chine serait en butte à quelques problèmes d'ordre administratif, telle la délivrance des visas, une question que l'on compte régler au plus tôt, par l'entremise de l'Aadl. Les responsables chinois de ce chantier évoquent de ce fait le manque de main-d'oeuvre. Le périple s'est achevé au chantier de Ouled Fayet, tenu par l'Entreprise arabe de Construction où 258 Egyptiens travaillent aux côtés de 300 Algériens. Les Egyptiens donnent l'air de pharaons affairés à édifier leurs pyramides. Confiants, ils semblent être à l'aise en dépit des impératifs de l'Aadl; ils sont à l'ouvrage depuis avril 2002. Et il leur reste 14 mois pour faire leurs preuves. Autre confidence: la demande en logements ne pourrait être pleinement satisfaite dans le tout-Alger. Si on répond à toute la demande de logements à Alger, ce serait au détriment des riches terres de la Mitidja. Des terres qu'un décret gouvernemental de 1995 protège.