Les syndicats autonomes (Snapap et Cnes) revendiquent la paternité du projet de texte bloqué à l'APN. De par sa vocation de corporation s'occupant presque exclusivement des problèmes et des revendications des personnels de l'administration algérienne (ministères, institutions publiques), il était évident que le Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) fasse du projet de statut de la Fonction publique son cheval de bataille. Certes, ce syndicat, apparu sur la scène au lendemain de l'instauration du pluralisme syndical dans le pays consécutivement au pluralisme politique, concentre ses efforts d'implantation et d'action revendicative sur les questions qui se posent aux travailleurs du secteur de l'administration et aux fonctionnaires de l'Etat dans des domaines aussi variés que ceux de la santé, de l'éducation, des P et T, et de différents ministères tels que celui de l'Intérieur et des Collectivités locales...Ses champs d'action vont ainsi de l'application ou de la remise en cause des lois sociales et syndicales au suivi de la gestion de la carrière des fonctionnaires. Néanmoins, c'est le projet de statut de la Fonction publique datant de 1998, mais retiré depuis par le gouvernement avant son passage devant l'APN, qui focalise le plus, ces derniers temps, l'attention de ce syndicat qui se proclame autonome de toute tutelle et qui revendique selon son secrétaire général, M.Rachid Malaoui, pas moins de 470.000 adhérents. Il reste toutefois que tous ces adhérents ne sont pas tous «encartés» de l'aveu même de son premier responsable faute de «moyens matériels et financiers» surtout que, d'après lui, les cotisations des membres ne dépassent pas les 50 DA annuellement. Quant aux conséquences directes du blocage de ce tant attendu projet de statut de la Fonction publique, M.Malaoui cite la situation suivante: «Nous sommes gérés par télégrammes ou directement saisis par la direction de la Fonction publique.» En outre à l'entendre, ce sont «les syndicats autonomes du Snapap et du Cnes (enseignement supérieur) qui ont bloqué le passage du projet de statut devant l'APN». Pour lui, «l'Ugta n'a fait que prendre le train en marche en s'appropriant la paternité du retrait de l'APN dudit projet». Aussi dans le sillage de cette «marche arrière» des pouvoirs publics sur un projet de texte dont les enjeux sont considérables en termes de répercussions sociales, le Snapap continue, selon ses responsables, de «surveiller de très près», le contenu de la Commission Sbih sur la réforme de l'Etat, notamment son chapitre sur la Fonction publique. La cruciale, mais plus ou moins probable question de la «dépermanisation», de pas moins de 500.000 travailleurs de la Fonction publique qui revient souvent sur le devant de la scène, ou tout au moins des 230.000 personnes travaillant dans le secteur sans avoir, selon le SG du Snapap, «le grade de fonctionnaire», est l'une des batailles que ce syndicat va engager au cas ou cette compression déguisée aurait lieu. «la cristallisation par les différentes bipartites Ugta-gouvernement de plusieurs faits accomplis, le dogmatisme des compressions de personnels dans le secteur économique sous les injonctions des institutions financières internationales - bien que les finances de l'Etat soient plus que bonnes -, et l'interprétation restrictive de la liberté syndicale», sont les volets essentiels du champ d'action du syndicat qui, selon son premier responsable, voit son action limitée par la nature même de son agrément légal d'activité. D'où, son leitmotiv de sortie de ce qu'il appelle «la collusion Ugta-pouvoir sur le dos des travailleurs». Alors, cet outsider aura-t-il les moyens de sa politique pour faire changer le paysage syndical national? Beaucoup en doutent.