Un pareil conflit encouragerait grandement le terrorisme islamiste international. Le président français Jacques Chirac qui, comme bon nombre de ses collègues occidentaux, sait ce que communiquer veut dire, a accordé une interview télévisée à deux grandes chaînes de télévision françaises; une publique: France 2; l'autre privée: TF1. Pourquoi une telle prestation et à ce moment précis? Pour autant qu'elle soit simple et même facile à deviner, la réponse à cette question n'en est pas moins redoutable parce qu'il s'agit de guerre. De guerre contre l'Irak que l'Administration de George W.Bush veut y mener malgré la réprobation de millions de citoyens dans le monde sans compter les Etats. Des Etats parmi lesquels la France, qui a adopté depuis que Bush, il y a quelques mois, a décidé de dépêcher plus de 250.000 soldats vers le Moyen-Orient dans la perspective d' éliminer Saddam Hussein et son régime de cette partie de la planète. Cet esprit manifestement «va-t-en guerre» s'appuie sur ce qui n'est qu'un prétexte, à savoir: le désarmement de l'Irak quoi qu'il puisse arriver. Or, à cette question, le président Chirac qui, depuis le commencement de la crise, a été pratiquement à l'avant-garde en prônant une politique de «sagesse et de sauvegarde du droit international», a répondu à ses interviewers en leur rappelant que «de 1991 à 1998 il y a eu un régime d'inspection qui, hélas, a été interrompu par maladresse, mais qui a détruit plus d'armes en Irak que durant toute la guerre du Golfe». Conséquence de cette première phase d'inspection? «Elle a permis, a ajouté Jacques Chirac, d'éradiquer complètement le programme nucléaire» de l'Irak. C'est ce que n'ont cessé de répéter devant le Conseil de sécurité MM.El-Baradeï pour le nucléaire et Blix pour les autres armes de destruction massive, depuis le début de la crise américano-irakienne. La France considère-t-elle que le régime de Saddam Hussein est recyclable. Non! Elle le considère au contraire comme dangereux. Car, selon Chirac, «un pays qui a le passé et la structure politique de l'Irak est toujours un pays dangereux. Mais un pays n'est véritablement dangereux que s'il a les moyens d'agresser, d'attaquer!» Or, depuis le commencement de l'encerclement de l'Irak par les troupes anglo-américaines, Saddam Hussein n'a pris aucune initiative d'agression, dût-elle découler de la moins efficiente velléité. Au contraire, la forfanterie en moins, il s'est empressé de venir à résipiscence en autorisant la destruction des fusées Al-Samoud II pour se conformer aux résolutions de l'ONU qui interdisent la possession des armes dépassant dans leur portée les 150 km. Mais alors que veut Bush? Ce que veut Bush avec ses moyens colossaux n'est certes pas la paix puisque malgré les rapports des inspecteurs de l'ONU attestant qu'ils n'ont rien découvert jusqu'ici de «suspect» et qui demandent, pour réduire le moindre doute à néant, des délais supplémentaires, les Américains tiennent à leur «guerre» comme les Millénaristes tenaient au retour du Messie pour remettre de l'ordre parmi les humains. Quant à la France qui est, nous dit-on, de plus en plus disposée à opposer son veto pour empêcher que la charte des Nations unies soit bafouée, Chirac l'a bien expliqué devant les journalistes de TF1 et France 2 avant-hier : «Ce serait un précédent dangereux pour les Américains de passer outre une décision négative de l'ONU». Bush trouvera-t-il le temps et la sérénité pour prévenir justement contre le choc des civilisations qui se profile et que l'opinion internationale et la plupart des pays du monde hostiles à la guerre contre l'Irak, voudraient éviter? Encore quelques jours et nous le saurons.