«Qu'on fasse la lumière sur mon enlèvement.» Mohamed Bourouis, actuellement incarcéré dans la prison centrale de Salé (Maroc), a décidé d'entamer une grève de la faim à partir d'hier pour protester contre les conditions de détention qu'il juge inhumaines. Dans un communiqué, il a affirmé qu'en décidant cette action, il entend attirer l'attention de l'opinion publique marocaine et internationale sur les violations des droits de l'Homme que subissent les détenus politiques au Maroc. Bourouis, condamné à mort par la cour spéciale en Algérie, avait fui le pays pour se réfugier au Maroc. Après l'attentat qui avait visé un hôtel à Marrakech, il avait été interpellé avant d'être jugé pour atteinte à la sûreté de l'Etat au Maroc. Durant son incarcération à la prison centrale de Salé, il avait subi des interrogatoires musclés effectués par des membres de la DST marocaine. Au début de l'année et après avoir obtenu l'assouplissement de ses conditions d'emprisonnement le 18 janvier, il a été kidnappé de sa cellule à la prison centrale de Salé et conduit à un cachot à la prison de Kenitra où il est soumis, durant plusieurs jours, à un interrogatoire sous la torture, avant d'être, quelques jours plus tard, remis dans sa cellule. Pour comprendre les raisons de son enlèvement, il entame une grève de la faim du 19 au 27 janvier. Il adresse, à l'occasion de la suspension de sa grève, le 27 janvier, une lettre au roi Mohammed VI, dans laquelle il exige l'ouverture d'une enquête sur les conditions de son enlèvement et exige une expertise médicale pour déterminer la gravité des blessures occasionnées par le traitement violent auquel il avait été soumis. Dans son communiqué, dont nous détenons une copie, il rappelle qu'il est le seul sur 4500 détenus à se voir refuser le droit de visite. Il affirme qu'il a déclenché sa grève pour dénoncer les pratiques de torture et les conditions de détention inhumaines auxquelles il est soumis. Il attire l'attention de l'opinion publique sur la pratique de la torture, devenue un mode de gestion des prisons marocaines.