Le pouvoir et les ârchs semblent favoriser la confrontation sur le terrain. Alors que des appels au dialogue ne cessent d'être lancés par de nombreux acteurs politiques et sociaux, le pouvoir et les ârchs semblent favoriser la confrontation sur le terrain qui n'est pas sans inquiéter, car pouvant perturber la quiétude des citoyens en cette période de vacances. Le pouvoir, d'un côté, continue à observer un mutisme total sur les revendications du mouvement citoyen, notamment celle relative à la libération des détenus, en réitérant son invitation au dialogue auquel personne ne semble croire. Les ârchs, de l'autre, restent intransigeants sur tout ce qui touche à la plate-forme d'El-Kseur «scellée et non négociable» en multipliant des actions de mobilisation pour la libération des détenus et la satisfaction des revendications. Au 10e jour de la grève de la faim entamée par les détenus, Farès Oudjedi, Khoudir Benouaret et Azzedine Djemaï, rejoints depuis trois jours par Ali Gherbi et Mouloud Bedjou, rien de positif ne pointe à l'horizon pour ressusciter l'espoir au sein de la société tant les deux protagonistes donnent l'impression de camper sur leurs positions. D'où cette tension qui va crescendo depuis quelques jours dans la région de Basse Kabylie dont l'explosion est fortement redoutée aujourd'hui dans la capitale des Hammadites à l'occasion de la marche populaire de la CICB. En réinvestissant le terrain de la contestation, la coordination de Béjaïa tente de se réhabiliter aux yeux des détenus, de leurs familles et faire pression sur le pouvoir pour «libérer les détenus du mouvement, cesser toutes les poursuites judiciaires et satisfaire les revendications de la plate-forme d'El-Kseur», dans un climat pesant et chargé d'appréhensions et de suspicions. Cette marche décidée lors du dernier conclave tenu à Adekar a, contrairement aux précédentes, bénéficié d'une grande préparation par d'autres actions de proximité qui, il faut le dire, n'avaient pas drainé les grandes foules, comme ce fut le cas jeudi à Sidi Aïch. En effet, quelques centaines de personnes, en majorité des jeunes, ont répondu présent à une marche initiée «sous la pression des parents des détenus». Ces parents ne cachant pas leur désillusion depuis quelque temps, doutent sérieusement des capacités du mouvement pour libérer leurs enfants au point d'initier des actions sans même solliciter l'aval de la CICB. La dernière en date, est la lettre adressée au Président de la République dans laquelle les parents des détenus de la ville de Sidi Aïch demandent au premier magistrat du pays «d'user de ses prérogatives pour libérer leurs enfants». L'envoi de cette lettre n'a, à en croire une source crédible, pas été au goût des animateurs. Et comme pour montrer à ces parents qu'ils sont toujours là, les animateurs de pas moins de quatre coordinations communales (Tinebdar, El-Flay, Sidi Ayad et Sidi Aïch) ont organisé, jeudi, une marche pacifique qui s'est ébranlé de la place des Trois-Horloges en direction du siège de la municipalité. A l'issue de cette manifestation, qui ne rappelle en rien, si ce n'est par le discours, celles d'autrefois, une prise de parole eut lieu donnant l'occasion à certains animateurs de développer un discours rassurant pour les parents et virulent envers le pouvoir. Signalons, cependant, ce flottement qui s'est produit à hauteur du tribunal où les organisateurs ont eu tout le mal du monde à calmer un groupe de jeunes, visiblement déterminés, à s'en prendre à l'édifice juridique. Ce regain d'activité sera, donc, couronné aujourd'hui par une marche populaire, qui, jusqu'à hier soir, n'avait pas encore l'aval des autorités. Au sein de l'opinion, on reste convaincu de son interdiction d'autant plus qu'à l'endroit prévu pour le départ se tient depuis jeudi, une semaine d'information initiée par la sûreté de wilaya. Alors, serait-ce le retour des mauvais jours à Béjaïa?