Les rumeurs les plus folles battent leur plein depuis quelque temps. Jamais un congrès du Front de libération nationale (FLN) n'a déchaîné autant de passion, d'intrigues, de manoeu-vres et de jeu de coulisses que celui qui s'ouvrira mardi prochain à l'hôtel El-Aurassi. Et pour cause. Deux courants s'affrontent, sournoisement, au sujet du contenu et de l'orientation à donner à ce congrès, qui se tient dans une conjoncture charnière pour l'avenir du pays. Les rumeurs les plus folles battent leur plein depuis quelque temps. A telle enseigne que l'on est allé jusqu'à mettre en avant des scénarios, plus farfelus les uns que les autres, au sujet de ce qui se trame, en coulisses, à quelques heures du congrès. Même si, au demeurant, les jeux sont faits théoriquement, puisque l'ordre du jour de ces travaux est arrêté par la commission chargée de la préparation organique matérielle et financière que le comité central du parti a confiée au secrétaire général, M.Ali Benflis. Cependant, le secret de la date du congrès et son annonce, à cinq jours de sa tenue, laissent à penser, selon les spécialistes de la maison FLN, que les enjeux étaient énormes. Nos sources font état d'un forcing opéré par un groupe de députés, sénateurs et autres mouhafadhs, tous originaires de l'ouest du pays, en vue d'imposer le point relatif à l'élection présidentielle de 2004. Autrement dit, forcer la main au FLN, dont le Président Bouteflika est certes issu, pour lui apporter un soutien franc dans cette conjoncture marquée par une campagne électorale qui ne dit pas son nom. Or, ce groupe qui, jusqu'à hier, n'aurait récolté qu'une trentaine de signatures parmi les congressistes, au nombre de 1 360, ambitionnait de réunir le quorum nécessaire pour arriver à ses fins. La clairvoyance et l'esprit manoeuvrier des cadres chargés de la préparation du congrès, auraient coupé l'herbe sous le pied de leurs détracteurs, qui n'ont plus, désormais que le choix de se faire hara-kiri en boycottant les travaux. Ceci dit, les scénarios sont là, ils hantent les esprits et les couloirs de l'immeuble de Hydra, siège du FLN et, éthiquement parlant, il est difficile de ne pas en parler. Le 8e congrès du FLN est celui du renouveau et de l'affermissement de la «démarche du parti vers la consolidation d'un édifice démocratique pluraliste», dixit Ali Benflis, dans son allocution à la presse jeudi dernier. Dans cette politique fiction, le premier scénario, drivé par les partisans d'un FLN taillé sur mesure pour le Président de la République, et selon lesquels le retour en force du parti est intervenu grâce à celui-ci, ce congrès n'a pour mission que de préparer la formation politique à un soutien inconditionnel au candidat Bouteflika pour un second mandat présidentiel. Ce dernier a d'ailleurs esquissé ce voeu lors de l'interview qu'il a accordée au journalise français Jean-Pierre El-Kabach pour la radio Europe 1, à l'occasion de la récente visite d'Etat du président français Jaques Chirac en Algérie. Pour ce faire, le chef de l'Etat, une fois que le congrès aura reconduit Ali Benflis à la tête du FLN, aurait la latitude de le faire remplacer à la tête de l'exécutif par l'actuel ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem ou par le Dr Saïd Barkat, ministre de l'Agriculture permettant ainsi à Benflis de se consacrer exclusivement au parti en prévision de la présidentielle de 2004. A ce propos, il semblerait que Abdelaziz Belkhadem, cet homme originaire de l'ouest du pays, proche politiquement du président et rompu à la gestion des affaires, ne semblerait pas enclin à troquer un avenir politique plus prometteur avec un FLN rénové contre un éphémère poste de Chef de gouvernement de transition. Quant au Dr Saïd Barkat, le succès qui lui est attribué dans le redéploiement de l'agriculture grâce au Programme national de développement de l'agriculture (Pnda), n'est autre que l'émanation de la politique du gouvernement que dirige Ali Benflis. L'autre scénario-fiction est celui d'un Ali Benflis gagné par la tentation présidentielle. Pourquoi pas, dès lors que le président Bouteflika a toujours clamé qu'il était candidat indépendant pour l'élection présidentielle de 1999. Les spécialistes du FLN rappellent que Ali Benflis était le directeur de campagne du candidat Bouteflika après accord de la direction du parti dont il était membre du bureau politique. Sa désignation à la tête de l'Exécutif était, ajoutent nos sources, une manière de l'éloigner de la présidence de la République dont il détenait le poste de chef de cabinet. Aujourd'hui que le FLN est revigoré, que son nouveau programme est ficelé, il est dans l'ordre des choses, estime-t-on encore, que le parti sanctionne l'artisan de cette métamorphose, de cette renaissance, en en faisant un présidentiable. La politique n'étant pas une science exacte, il est hasardeux de préfigurer pour qui roulera le FLN au terme de ce congrès jugé décisif.