Comme un grand nombre de capitales du monde, Alger compte pour son expansion une nouvelle institution financière. Une institution directement liée à l'économie de marché appelée la Bourse. Jusqu'à il y a encore quelques années, à part quelques initiés, les Algériens ne connaissaient que la Bourse de Wall Street à New York à travers les films américains et le Cac 40 français à travers la télévision sans y comprendre grand-chose. Pourtant, la Bourse d'Alger existe bel et bien, à cette différence près qu'elle ne bénéficie pas des mêmes sollicitudes promotionnelles que ses consoeurs de par le monde. La raison, selon les explications qu'a bien voulu nous livrer son directeur général, M.Iratni, lors d'un débat au siège de journal L'Expression, récemment, semble qu'un grand nombre d'opérateurs privés en Algérie pour qui la Bourse a été créée, ne mesurent pas à sa juste mesure la chance qu'ils ont de disposer dans leur pays d'un instrument qui a été créé pour les servir. Les servir? C'est en effet l'aspect dévolu à une Bourse qui existe pour favoriser la fluidité des rapports entre détenteurs d'épargne et les entreprises qui ont besoin, pour assurer un développement durable, d'acheter des actions ou de contracter des emprunts. Transparence! Voilà le maître-mot! Ou encore «transparence et absence de culture de la Bourse», selon M.Iratni qui en a souvent souligné le caractère inhibant, voire bloquant. Après cela, il semble que tout ce qui ressort de la crainte qui affecte les entreprises algériennes vis-à-vis de la Bourse, pourrait être mieux compris. En effet, alors que la Bourse offre d'énormes possibilités aux opérateurs économiques privés de financer leur développement sans se voir exiger le remboursement de l'emprunt contracté dans un très court délai, un grand nombre d'entrepreneurs privés, pour augmenter leur capital ou pour financer leurs projets de développement, s'adressent encore à l'épargne ou à des investisseurs privés qui lui sont proches qui agissent en transgressant les lois du genre, un peu comme les usuriers. La transparence exigée dans les transactions boursières serait-elle le motif principal qui a empêché les entreprises privées d'entrer en Bourse? Difficile de nier qu'un tel préjugé n'ait pas existé. Ne répète-t-on pas partout que «pour vivre heureux, vivons cachés»? Il est donc vrai qu'à l'absence de «culture de la Bourse» s'est substituée une culture, palpable et encore largement influente celle-là, du secret au possessif qui, par ailleurs, nourrit des manifestations contradictoires à l'encontre du volontarisme de la puissance publique qui, comme chacun le sait, n'a cessé d'explorer les voies les meilleures pour favoriser l'investissement. La frilosité affichée par les opérateurs privés à l'égard de la Bourse démontre, si besoin est, que les ravages du trabendo n'ont pas représenté qu'un intermède fugace, destiné à être vite oublié. Bien au contraire. Des années à pratiquer un commerce illicite, comme fut le trabendo tout au long de la crise fomentée par les islamistes et dont il se sont, dans la plupart des cas, nourris, ne pouvait pas ne pas laisser de traces dans le comportement des individus vis-à-vis de la Bourse. Et surtout dans ce qu'elle exige comme conditions quand on décide d'y entrer en matière de transparence. C'est à ce niveau en fait que se situe la problématique de la Bourse malgré les conditions attractives qu'elle offre pour développer son partenariat avec les entrepreneurs potentiels.