Ces députés, après avoir buté sur le refus entêté du président de l'APN de programmer une séance extraordinaire sur la question palestinienne, ont tenté vainement de quitter l'hémicycle en vue d'organiser une marche allant de l'APN à la place des Martyrs, les services de sécurité les en ayant dissuadés. Tous en colère, ils ont quand même tenu un rassemblement dans le hall de l'hémicycle pour ainsi marquer leur opposition face aux partis de la majorité. « Je qualifie ce comportement de lâcheté politique et la démarche du Parlement n'honore pas l'Algérie. C'est une honte pour une Algérie qui s'est toujours prononcée pour une Palestine juste ou injuste et il est plus aberrant de parler de l'envoi d'une délégation au moment où l'acheminement des médicaments et de la nourriture reste très difficile », a regretté un député du MSP. De son côté, Mme Hanoune trouve scandaleux le fait que le congrès américain se soit aligné ouvertement sur la position israélienne et a annoncé son soutien à son armée, alors que, dit-elle, « les députés algériens ne peuvent ni manifester ni exprimer librement leur position ».« Lors de la marche de vendredi dernier, les citoyens ont insulté le silence des députés. Je ne comprends pas pourquoi Ziari évoque à chaque fois la contrainte du règlement intérieur. Est-ce le Coran ? », s'est interrogé la leader du PT, qui estime que le règlement intérieur de l'APN devrait être revu avec la révision de la Constitution, en vain. Mme Hanoune réfute catégoriquement l'argument avancé par M. Ziari. « Nous sommes dans une conjoncture particulière, nous devons donc répondre à cette urgence rapidement. Nous n'acceptons pas l'argument de Ziari portant sur la crainte de voir des députés incriminer le Hamas palestinien. Celui qui agit de la sorte ne s'inscrit pas dans une logique nationale », a soutenu Mme Hanoune, qui reconnaît que la position officielle est correcte et qu'il y a symbiose entre la position de l'Etat et celle du peuple, mais l'APN fait défaut. « L'assemblée est toujours en retrait. Il ne s'agit pas seulement d'une question de solidarité, mais également de défense, aujourd'hui ils écrasent les Palestiniens demain, ce sera notre tour », a lancé Mme Hanoune, qui demande au président de la République de « sortir de sa réserve » pour dire haut et fort aux Algériens ce qu'il pense de ce qu'endurent nos frères ghazaouis. Il faut dire que l'hémicycle Zirout Youcef s'est transformé, hier, l'espace d'une matinée, en une tribune de protestation et de colère. Des slogans hostiles au rôle de l'Assemblée et à la mission du député ont été scandés par les élus du PT, du MSP, d'Ennahda et d'El Islah ainsi que par des indépendants. Des banderoles revendicatives ont été également brandies dans les coulisses comme à l'extérieur de l'APN par ces mêmes formations, qui ont décidé de boycotter la séance en plénière consacrée au débat sur les trois projets de loi ayant trait à la protection du consommateur, au code pénal et à l'assistance judiciaire. Tout a commencé lorsqu'un député du MSP a interpellé, à l'ouverture des travaux, le président de l'APN quant à l'ordre du jour de la plénière. Il est « inconcevable de faire l'impasse sur la question de l'agression israélienne contre Ghaza et de ne pas traiter de ce sujet en cette première séance organisée depuis le début de l'agression », a-t-il plaidé. « Nous demandons le report du débat sur les trois projets de loi et la tenue d'une session extraordinaire sur Ghaza afin de permettre aux députés siégeant à l'APN d'exprimer leur position et leur consternation contre les crimes commis par les Israéliens », a tonné M. Achouri du MSP, soutenu fortement par M. Taazibt du PT. Cette proposition a toutefois fait réagir violemment un député du FLN qui lui a rétorqué sèchement : « Si tu veux soutenir les Ghazaouis rends-toi alors à Ghaza. » Une réplique qui n'a pas été du goût de l'intervenant, qui a commencé à frapper sur le pupitre. Ce fut ensuite le brouhaha dans l'hémicycle. De crainte que la situation ne dégénère, M. Ziari est intervenu et a expliqué que le règlement intérieur de l'APN ne lui permet pas de changer l'ordre du jour de la séance. « Je n'accepte pas les dérapages ni les dépassements », a soutenu M. Ziari. « Nous n'avons pas peur de la réaction des partis de l'opposition, mais nous ne voulons pas la surenchère qui risque de porter atteinte à la position officielle de l'Algérie », a soutenu Ali Lemrabet. Pour calmer les esprits, le président de l'APN a brandi une déclaration rédigée en concertation avec l'ensemble des présidents des groupes parlementaires dans laquelle ils soutiennent la résistance palestinienne. « La minorité n'a pas à imposer son point de vue à la majorité ». « Ceci est inacceptable », a-t-il lancé, avant de suggérer la constitution d'une délégation parlementaire qui se rendra prochainement à Ghaza.