Le peuple algérien ne réagit plus aux fanfares et confirme la mort de la trompette «islamiste». La marche de «l'honneur» en solidarité avec le peuple irakien, initiée par le MSP, le PT, le Pnsd et le FNA n'a finalement pas eu lieu jeudi dernier. Dès 8h, un important dispositif sécuritaire s'est déployé place du 1er-Mai pour appliquer la circulaire du ministre de l'Intérieur et encadrer les quelques centaines de personnes ayant répondu à cet appel. Brandissant des banderoles et scandant des slogans hostiles à la démarche américaine et brûlant son drapeau, les manifestants ont tout tenté pour essayer de rejoindre l'APN, point d'arrivée de l'itinéraire tracé par les organisateurs de la marche. Après plusieurs tentatives pour forcer le passage, mises en échec par le cordon sécuritaire, le cheikh improvise un bref meeting sur place, histoire de ne pas frustrer l'attente des centaines de manifestants qui ont fait le déplacement. Sa prise de parole, aussi écourtée fût-elle, a montré un Mahfoud Nahnah avec une mine, «convalescente» et un discours de forme. Il reprit dans le fond une position qu'il a affichée la veille, lors de la conférence de presse organisée au siège de son parti (voir notre quotidien du 12 mars). Il scandait aux répliques d'Allah Akbar: «La détermination américaine n'est en réalité qu'un cordon de sécurité pour défendre le sionisme international...Voulez-vous cette division à laquelle le monde arabe est exposé? Ces renversements et cette haine dont il fait l'objet?» Concernant l'interdiction de la marche, M.Mokri, président du groupe parlementaire du MSP, insiste sur le fait que son parti n'enfreint pas les lois de la République en n'étant même pas destinataire de cette circulaire du ministère de l'Intérieur. Le chargé des relations extérieures de ce même parti tenait, quant à lui, à «inscrire cette marche de soutien au président Chirac, vu la fermeté de la position française à l'égard du conflit irakien». Fidèle à son discours d'opposition, Louisa Hanoune succède à Mahfoud Nahnah pour dénoncer haut et fort la position du pouvoir algérien par rapport à la crise irakienne. «Votre position et votre silence ne nous honorent pas! Ils ne reflètent pas celle du peuple algérien. Ils ne sont pas à la hauteur du passé historique de ce peuple...», déclarait-elle. Dans un discours de quelques minutes, elle remet en cause le déphasage politique qui subsiste entre le peuple arabe et ses dirigeants concernant l'Irak d'une part, et met l'accent sur l'interdiction du ministre de l'Intérieur, d'autre part. Elle rappelle également que «l'interdiction de la marche est de rigueur sur tout le territoire national et toutes les marches tentées au niveau de différentes wilayas ont été interdites.» La porte-parole du PT ne manque pas de mettre en cause l'état d'urgence qui sévit dans tout le monde arabe. Devant une circulation qui est restée très fluide dans la capitale un jour de week-end, et devant les regards curieux des passants, le meeting a pris fin vers 13 h sans le moindre incident, laissant un sentiment d'inachevé et d'échec.