L'homme, en grève de la faim depuis quatre jours, risque de trépasser dans l'indifférence. Le président du FFS, Hocine Aït-Ahmed, a adressé, samedi, une lettre ouverte au secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, à propos de la détention du professeur Salah-Eddine Sidhoum, éminent défenseur des droits de l'Homme en Algérie. L'homme, rappelle Aït-Ahmed, a mené un combat acharné en faveur des droits de l'Homme durant les terribles années. Il est l'un des principaux artisans de la liste des «disparus forcés» remise à la commission onusienne des droits de l'Homme. Il rappelle aussi que «le pouvoir a décidé en 1997 de le condamner par contumace à 20 ans de réclusion criminelle pour soutien à activités subversives et atteinte à la sécurité de l'Etat». Après plusieurs années de clandestinité et suite aux «appels de menace contre sa famille», il a décidé de se livrer à la justice en date du 29 septembre dernier. Le jour même, un véritable calvaire a commencé pour lui, comme nous l'avaient confirmé dans une précédente édition ses défenseurs. Il a été placé dans une cellule humide dans les sous-sols de Serkadji, sans lit ni matelas, privé de tous ses effets personnels et même de son eau minérale, avec une lampe allumée H24. Sa grève de la faim totale, entamée au lendemain de son incarcération, le 30 septembre, menace sa vie, aucun secours médical ne lui a été administré, alors que les autorités carcérales semblent se refuser à améliorer ses conditions de détention. Aït-Ahmed, dans sa lettre à Annan, tire la sonnette d'alarme. «Aujourd'hui, son état physique (Salah-Eddine Sidhoum. Ndlr) s'est considérablement détérioré. Aucun médecin n'est venu l'examiner et l'administration pénitentiaire refuse de le placer sous surveillance à l'infirmerie». Il est demandé au secrétaire général de l'ONU «d'intervenir le plus rapidement possible auprès des autorités algériennes pour que Sidhoum - qui bénéficie de la présomption d'innocence et qui a montré qu'il est prêt à se soumettre à la justice». Sa mise en liberté provisoire est donc requise en attendant son jugement, comme le stipule la loi. De son côté, la Laddh que préside Ali-Yahia Abdennour, a rendu public un communiqué abondant dans le même sens. Il est, notamment précisé que «le docteur Salah-Eddine Sidhoum, qui est connu pour être un militant des droits de l'Homme depuis de nombreuses années, s'est vu refuser le statut de détenu politique». La Ligue apporte ainsi «son soutien au combat que mène le Dr Sidhoum et fait appel à la solidarité des organisations nationales et internationales». Des nombreuses ONG, figures de proue internationales, ainsi que SOS disparus, avaient déjà apporté leur soutien à cet infatigable militant. De son côté, la Laddh exige que soient assurées «sa sécurité et l'intégrité physique durant sa détention, que sa dignité comme sa présomption d'innocence soient respectées, que le statut de détenu politique lui soit accordé et (enfin) la tenue d'un procès rapide, équitable et public conforme aux normes internationales». On apprend, aux dernières nouvelles émanant de son collectif d'avocats, que le prévenu se trouve en phase précomateuse. Une plainte est en préparation contre le directeur de la prison pour non-assistance à personne en danger. L'affaire n'en finit pas de faire des vagues.