Une campagne est menée depuis l'étranger pour exiger sa libération. Diable pour les uns, ange pour les autres, le Dr Sidhoum ne laisse personne indifférent. En grève de la faim au pénitencier de Serkadji à Alger, depuis le 30 septembre dernier, il réclame que son cas soit réexaminé. Il a été, en effet, condamné à 20 ans de réclusion par contumace par le tribunal criminel d'Alger en date du 10 mars 1997. “Seul mon père a été condamné, car il était absent. Les cinq autres médecins qui ont comparu lors de ce procès ont tous bénéficié d'un acquittement”, déclare Me Sidhoum Amine, fils du médecin actuellement en prison. Selon le même avocat, les problèmes de son père ont commencé en septembre 1994. “En sa qualité de praticien, il a eu à soigner des cas de personnes ayant subi des exactions par les autorités et il a eu à dénoncer cela lors d'une émission réalisée par la BBC et diffusée par Canal + qui en a racheté les droits. 48 heures plus tard, trois individus se sont présentés à notre domicile au Golfe et ils ont malmené ma grand-mère à laquelle ils ont promis de revenir pour tuer son fils. Mon père est entré depuis en clandestinité. Il a toujours vécu en Algérie, et il n'est jamais parti à l'étranger comme annoncé par la presse”, tient à préciser le fils du détenu. Pour rappel, le chirurgien orthopédiste qui exerçait à l'hôpital Zemirli s'est constitué prisonnier au début du mois de septembre dernier pour se défendre devant un tribunal quant aux accusations, appartenance à un groupe armé et atteinte à la sûreté de l'Etat, portées contre lui. Bien entendu, son fils nie toutes ces accusations et affirme : “On peut reprocher à mon père d'être un défenseur des droits de l'Homme, mais un tel homme ne peut en aucun cas être un terroriste.” Il revient aussi sur l'état de santé de son père qui a eu une attaque cardiaque jeudi dernier. Selon Me Sidhoum, même, le médecin de la prison a décidé de maintenir le praticien en cellule, car il a refusé qu'on lui injecte un produit auquel il est sensible d'autant qu'il a déjà subi une intervention pour un ulcère gastrique. “C'est le chef de la détention qui a remis mon père en observation à l'infirmerie”, ajoute le même avocat. Le cas du docteur Sidhoum est devenu une affaire internationale suite aux nombreux articles parus dans la presse nationale et étrangère. L'affaire est désormais médiatisée sous le titre : Le cauchemar du docteur Sidhoum. Des personnalités algériennes et étrangères sont intervenues auprès des autorités pour que cesse “le harcèlement” contre le chirurgien orthopédiste. C'est ainsi que Abdelhamid Mehri, l'ex-secrétaire général du FLN, a publié, hier, une lettre ouverte dans le journal arabophone El Youm, où il demande au président de la République d'intervenir en faveur du médecin. Le Comité méditerranée de l'Internationale Socialiste, qui s'est réuni les 10 et 11 octobre, à Split, a publié une résolution en faveur du docteur Sidhoum. “Le comité rend hommage à ce militant infatigable des droits de l'Homme et demande aux autorités algériennes de lui accorder, sans délai, la liberté provisoire dans la perspective d'un procès conforme aux règles du droit international en présence des ONG défendant les droits de l'Homme”, c'est là la conclusion de l'appel lancé à partir de Split. Hocine Aït Ahmed a saisi, pour sa part, Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU, pour réclamer une intervention en faveur d'“un défenseur des droits de l'Homme qui est l'un des principaux artisans de la liste (des disparus forcés).” Par ailleurs, un collectif d'une trentaine d'avocats d'Algérie, de France et de Tunisie s'est constitué pour défendre le Dr Sidhoum considéré comme “un détenu d'opinion”. Même la lauréate du Prix Nobel de la paix 2003, l'iranienne Chirin Ebadi, a envoyé une lettre au détenu par le biais de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH). Le Nobel rappelle que le médecin doit bénéficier de la protection de la Déclaration universelle des droits de l'Homme et de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l'Homme adoptée par l'AG des Nation unies, le 9 décembre 1998. à rappeler aussi que le Dr Sidhoum était militant du parti de Benyoucef Benkheda (El Ouma), avant de rejoindre les rangs du FIS dissous juste avant les élections législatives de décembre 1991. Le médecin était aussi un proche de Mohamed Saïd de la Djaza'ara. Selon certaines sources, le médecin aurait été au maquis où il aurait dirigé un hôpital prenant en charge les terroristes. Suite aux interventions de personnalités nationales et étrangères, les autorités judiciaires ont été obligées de déroger à la règle et d'organiser un procès criminel non inscrit sur une liste de session. D'habitude, les audiences criminelles ont lieu par session et très rarement un jeudi comme ce sera le cas après-demain. Qui de l'accusation ou de la défense apportera les preuves de ce qui est avancé ? Des révélations fracassantes sont à attendre lors du procès. Pour toute réponse, les autorités judiciaires ont rendu public un communiqué par le biais de l'APS. Le parquet d'Alger rappelle que l'intéressé est incarcéré à Serkadji après sa condamnation par contumace pour appartenance à un groupe armé et apologie des actes terroristes. Il révèle aussi que le tribunal d'Alger était sur le point de juger la demande de la liberté provisoire demandée par la défense de l'accusé. Le verdict devait tomber, hier, mais aucune information ne nous est parvenue à ce sujet. S. I.