Les centaines de milliards générés par la contrebande de cigarettes et autres trafics seraient une source de financement des réseaux terroristes dans le Sud. La contrebande de cigarettes étrangères contrefaites, selon des sources sécuritaires, dans des unités de fabrication implantées au Niger, au Mali et en Mauritanie, continue de sévir dans le Grand Sud et ce, en dépit de la lutte implacable menée par les services de sécurité et plus particulièrement la gendarmerie nationale. Bien organisés, dotés d'importantes ressources financières et de moyens logistiques (moyens roulants adaptés a la nature du terrain) et de communications très sophistiquées (portables cellulaires et autres postes talkie-walkie), les réseaux parviennent à contourner la plupart des dispositifs d'interception et de surveillance. Certaines sources sécuritaires indiquent que «le grand trafic est, en grande partie une source de financement aux groupes terroristes activant dans le Sud à l'image des groupuscules de l'émir Benmabrouk». La même source affirme que «les groupes terroristes offrent leur protection aux réseaux moyennant, en contrepartie, des acheminements périodiques d'armes au profit des réseaux terroristes dans le Sud algérien». Généralement le carburant, le cheptel et autres denrées alimentaires servent de monnaie d'échange aux contrebandiers lors de leurs transactions avec les fournisseurs de cigarettes. A ce propos, les choix des contrefacteurs sont portés essentiellement sur Marlboro, Gauloises, Legend et Gold Seal. Ce juteux commerce est entretenu après l'arrêt des importations de cigarettes qui semble constituer un facteur d'accentuation du phénomène. Sur la base des données statistiques élaborées par la gendarmerie nationale, il est, aujourd'hui évident que certaines zones du Sud constituent les points privilégiés pour le transit des convois de cigarettes et autres denrées telles que la drogue. Il faut, néanmoins préciser que les quantités saisies ne représentent que le dixième voire le centième des quantités introduites et commercialisées dans les différentes villes du pays. Si certains contrebandiers s'adonnent au troc, d'autres par contre, achètent les cigarettes auprès de leurs fournisseurs sur les lieux mêmes de la production au Niger et en Mauritanie à des prix ne dépassant pas la moitié du prix en magasin. Sur les quelques milliards de dinars (chiffre fictif au vu de l'impossibilité de cerner exhaustivement le marché de la contrebande), une grande partie est directement versées dans les caisses des groupes terroristes. Ces sommes faramineuses, nous révèle notre source, «sont acheminées en partie vers des comptes à l'étranger et en partie vers les pays africains fournisseurs d'armes». Ce commerce suscite l'inquiétude des forces de sécurité et pousse ces dernières à redoubler de vigilance. Le gouvernement, devant cette situation, devrait, relèvent certains observateurs, «penser à doter ces dernières de moyens adéquats leur permettant de mener à bien leur mission de répression du phénomène». A ce titre, il est plus qu'impératif, précisent-ils, «que les autorités pensent à munir les forces de l'ordre d'hélicoptères qui leur faciliteraient l'identification des mouvements et la neutralisation des auteurs à travers les quelques 5754 km que comptent nos frontières terrestres». Par ailleurs, dans les grandes villes, les pouvoirs publics devraient procéder à des contrôles stricts des revendeurs de cigarettes. Des contrôles qui auraient pour effet de toucher du doigt les ramifications des cartels qui sévissent dans le Grand Sud et qui ne survivent que grâce aux petits et gros revendeurs dans les grandes villes. La difficulté rencontrée par la gendarmerie dans sa lutte contre cet immense trafic illicite mais lucratif pour ses auteurs, réside dans la prudence des populations du Sud qui sont réticentes à collaborer. Or, l'exercice de la mission de répression est basé essentiellement sur le renseignement.