De nombreuses maisons d'édition étaient au rendez-vous Cette année, la présence de l'Algérie au 23e Salon international du livre de Paris a été très remarquée et surtout fort appréciée par les nom- breux visiteurs français, algériens et autres étrangers qui ont tous été agréablement surpris par la vue d'un stand «très sympathique» qui rappelle la convivialité des Algériens et la beauté de nos maisons arabes d'antan. Un décor majestueux tiré presque de L'Incendie de Mohamed Dib, qui renvoie à cette grande maison qu'est Dar Sbitar, où tous les habitants partagent un même patio, une même cour agrémentée d'une fontaine, entourée de tables et de chaises où les discussions allaient bon train, et qui ne désemplissaient pas de visiteurs, de chahut, de curieux et d'amis. Au milieu de ce joli décor, des dizaines d'éditeurs algériens, des libraires, des écrivains, des hommes de culture et des responsables du commissariat de l'Année de l'Algérie en France, venus spécialement pour ce rendez-vous culturel annuel, tentaient, tant bien que mal, chacun de son côté, de donner le meilleur de lui-même pour que l'image de notre Algérie - ternie ces derniers temps par on ne sait quelle main étrangère - retrouve son éclat et la place qui lui revient de droit dans la sphère culturelle, politique et économique comme tout pays qui se respecte et respecte les potentialités qu'il renferme. Du 21 au 26 mars 2003, Paris-Expo, Porte de Versailles a donc abrité un immense Salon international du livre auquel des centaines de pays ont participé dont l'Algérie, l'Allemagne, l'Italie, le Canada, le Maroc, la Tunisie, l'Espagne, la Chine et tant d'autres encore autour d'un pavillon d'honneur qui accueillait en tant qu'invités de marque la Flandre et les Pays-Bas. Sur ce fait justement, beaucoup se sont posé la question de savoir pourquoi le choix du pays invité d'honneur ne s'était pas porté sur l'Algérie étant donné que c'était L'Année de l'Algérie en France, et la question reste posée... Toujours est-il, l'Algérie n'a pas été complètement ignorée par les organisateurs de ce Salon puisque lors de l'inauguration, la délégation officielle, à sa tête le Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, a visité le stand algérien et a longuement discuté avec les responsables algériens présents, notamment Mohamed Raouraoua, commissaire de l'Année de l'Algérie en France, Mouloud Achour, responsable du département édition, Abdelkader Khemri, directeur des éditions Anep, M.Messaoudi, directeur de l'Enag et beaucoup d'autres éditeurs, des membres du Snel (Syndicat national des éditeurs), du SPL (Syndicat des professionnels du livre), de Aslia (Association des libraires) et de nombreux amis de l'Algérie tels Hervé Bourges, Aldo Herlaut, Serge Eyrolles, Marcel Bois et bien d'autres encore. La veille de l'inauguration du Salon, le jeudi 20 mars 2003, une soirée d'ouverture a été organisée au ministère de la Culture, en présence de Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture et de la Commun-ication, Serge Eyrolles, président du Syndicat national de l'édition, de Jean Sarzana, son délégué général, de Luis Algoud, président-directeur général de Reed expositions France et de Taya de Reyniès, commissaire général de Salon du livre. Lors de cette soirée de bienvenue, le ministre de la Culture dans un sympathique discours, a fait l'éloge de la culture néerlandaise, remercié la Flandre pour sa production littéraire et remis des médailles à deux de ses représentants. L'Algérie avait aussi sa place de mérite dans le discours de M.Aillagon, dans lequel il évoque sa culture, sa richesse littéraire, sa force, sa résistance et sa volonté de relever tous les défis...pour appuyer ses dires et marquer cet événement historique qui lie encore une fois l'Algérie à la France, il a attribué l'insigne du Chevalier des arts et des lettres à Ismaïl Ameziane, président du Snel et directeur de Casbah éditions, qu'il considère, lui, comme quelqu'un qui a contribué à relever la culture algérienne. Il est à croire, à la vue du sursaut de certains, de l'incrédulité d'autres, du mécontentement de beaucoup sur ce choix qui n'était pas au goût de l'assistance, surtout algérienne - la mieux placée pour le savoir - qui estimait que d'autres noms, qui avaient réellement fait beaucoup pour notre culture méritaient cette médaille. Tous se demandaient sur quels critères et recommandations un tel choix s'était-il fait...!? Quelques jours plus tard, lors d'une autre cérémonie qui regroupait les libraires, Abderrahmane Ali-Bey, gérant de la librairie du Tiers-Monde de la place Emir-Abdelkader d'Alger, fut lui aussi consacré Chevalier des arts et des lettres...Pour en revenir au Salon du livre, de nombreuses maisons d'édition algériennes, étatiques et privées étaient au rendez-vous. Près de 2000 titres, une soixantaine d'auteurs dont Rachid Boudjedra, Leïla Sebbar, Aïcha Kassoul, Boualem Bessaïeh, Djamel Amrani, Leïla Boutaleb, Roger Garaudi, étaient présents pour dédicacer leurs livres chez l'Anep, l'Enag, Dar Al Hikma, Dar Al Oumma, Casbah, Barzakh, Mimouni, Dar el Gharb, Chihab, Houma... Des conférences, des récitals, des rendez-vous parfois manqués, parfois décalés, souvent annulés ou déprogrammés, une ambiance parfois électrique, souvent sous haute tension, des querelles étouffées par-ci, des atomes crochus par-là, des rendez-vous secrets par-ci, une désorganisation parfois criante, souvent sauvée in extremis par des âmes consciencieuses qui, loin de toute concurrence déloyale, voulaient surtout donner l'image d'une Algérie unie, de concitoyens soudés par la même envie de faire triompher la culture algérienne avant tout, indépendamment de l'éditeur, de l'organisme ou de la maison représentée...Une seule maison était importante... la maison-mère, la maison-Algérie que tous nous vénérons par-dessus tout et malgré tout. A la fin du Salon, le bilan donné par Serge Eyrolles, président du Syndidat de l'édition, fait état d'une chute remarquable au niveau des entrées, où il a été constaté un recul de 15% par rapport au Salon 2002. 186.000 visiteurs sont annoncés cette année contre 220.000 l'année dernière. Ce recul est peut-être dû aux tristes événements de la guerre contre l'Irak qui a secoué le monde entier et les Français aussi, qui n'arrêtaient pas de défiler dans les rues pour crier leur révolte et leur indignation face à la barbarie américaine que, hélas, aucun Etat n'a pu arrêter...Pourtant il est dit que l'union fait la force...Le prochain Salon du livre de Paris est prévu du 19 au 24 mars 2004, la Chine y sera l'invitée d'honneur, souhaitons que l'Algérie soit meilleure...