La troisième phase des plans des coalisés commence à voir le jour. On s'attendait à une résistance farouche de la part de l'armée irakienne. Les mots d'ordre lancés par le pouvoir de Saddam n'ont pas eu l'écho escompté. La défense mise sur place ne répond nullement aux nouvelles armes utilisées par la coalition. Que peut faire une kalachnikov, comme un fusil d'assaut, contre un tank ou un hélicoptère Apache? Une situation dérisoire que la population accepte à contrecoeur malgré l'esprit nationaliste. En effet, pour la première fois, les stratèges du Pentagone ont opté pour une nouvelle tactique de guerre. Les trois armées concourent sur le terrain pour mettre à genoux un régime jugé dictatorial par les coalisés et dont la majeure partie de la population a compris qu'il était temps de bâtir une société démocratique. Avec la prise de l'aéroport de Bagdad et les timides incursions dans une partie de la capitale, il y a lieu de constater que le régime de Saddam ne tient pas tel que la propagande officielle veut le faire croire. On assiste aujourd'hui, à l'effritement du mensonge véhiculé par le régime en place depuis plus de trois décennies. Ainsi, la stratégie de la coalition vise à diviser le peuple irakien du pouvoir pour étouffer toute velléité de la population envers les nouveaux «conquérants». Cette politique de déstabilisation de la société commence à porter ses fruits et pousse les analystes des relations internationales à revoir leur copie et à anticiper sur l'avenir. Que sera l'Irak demain? Pour les USA et la Grande-Bretagne qui mènent la coalition sur le terrain de guerre, la réunion prochaine en Irlande permettra de définir le rôle que chacun doit jouer. Pour Powell, les USA maintiendront le cap en désignant un des leurs, un général à la retraite, pour administrer l'Irak et faire en sorte qu'un gouvernement intérimaire et démocrate s'installe et gère les affaires courantes. L'ONU, dans cette optique, n'aura qu'un droit de regard secondaire. Depuis des années, le Pentagone ne cesse d'échafauder des plans pour devenir le seul «gendarme» du monde. Cette idée véhiculée par les médias américains a besoin d'un terrain d'expérience. L'Irak est tout désigné pour être le champ d'expérimentation. Les motifs d'intervention ne manquent pas quitte à piétiner les lois les plus élémentaires du Droit international. Ni l'ONU, ni les ONG, ni les gouvernants, ni les manifestations des populations...n'ont pu juguler la démarche US contre l'Irak qui, on le sait, est devenu un pays «pauvre» par l'embargo imposé. La stratégie américaine consiste à normaliser les pays non conformes aux normes de Washington dictées par les multinationales et les oligarchies financières pour qui, dans leurs visions d'avenir, les Etats doivent disparaître pour laisser place à la toute-puissance des cartels et des trusts qui agissent dans l'ombre. Cette démarche comprise ou incomprise par certaines puissances telles la France, l'Allemagne et à un degré moindre la Russie, trouve sa finalité dans les rapports de force qui régissent les économies mondiales. Les USA et la Grande-Bretagne agissent pour la refonte des relations internationales à leur profit quitte à sacrifier l'ONU. Cette dernière doit connaître sa mue au risque de disparaître à jamais. Quant aux autres Etats, qualifiés de «faibles» malgré leurs richesses matérielles et humaines, ils doivent s'accommoder à des systèmes de gérance plus démocratiques. L'invasion de l'Irak par les coalisés donne un avant goût de ce que sera demain; les choses avancent si rapidement que même les politiciens les plus avisés ne savent plus où donner de la tête. L'Irak, dans toute cette tourmente, est sacrifié pour des intérêts occultes que seuls quelques gouvernants connaissent.