Le réveil des tenants de la résistance risque fort de se faire aux bruits d'une autre déconfiture. La capitale irakienne a résisté, jusque-là, aux bombardements américains, aux manoeuvres de divisions tentées par Washington, aux diverses campagnes de désinformation initiées par les spins doctors des télévisions et médias américains et pro-américains. Cela constitue déjà un exploit sur tous les plans. Or, il nous faut se poser cette question, douloureuse pour ceux du peuple arabe qui auront cru jusqu'au bout, aux forces des armées irakiennes et à la volonté des Bagdadiens de «casser» l'ogre US: combien de temps tiendront-ils encore face à la machine de guerre américaine? Humainement, il n'est pas exclu que Bagdad puisse résister des jours, voire des semaines, aux tentatives d'incursion américaines au centre de Bagdad. Il est aussi attendu que même si Bagdad «tombe», la guérilla urbaine va complètement faire s'embourber, les troupes américaines et, accessoirement anglaises, présentes dans la ville. Cependant, sur le plan militaire, les choses sont tout autre. Bagdad est assiégée de toutes parts, son aéroport neutralisé et tout ravitaillement lui est interdit, les troupes américaines, contrôlant les accès à la ville. Après la stratégie purement terroriste, du «choc et de la terreur» (frapper fort et subitement pour terroriser l'ennemi), les militaires ont opté pour la stratégie de «l'usure et le temps». Cela consiste à isoler la ville du reste du monde, lui couper vivres, eau et aide humanitaire et tenter de s'emparer des centres hautement symboliques de la capitale afin de saper le moral des Bagdadiens. Théoriquement, les forces militaires américaines ont les capacités et l'audace (car il faut une bonne dose de cruauté pour réussir une telle entreprise) pour aboutir à ce résultat. Militairement, elles possèdent tous les moyens pour faire plier une ville, aussi résistante et rebelle soit-elle. Au plan politique et stratégique, tout le monde, y compris l'Union européenne, l'Allemagne, la France, la Russie, la Chine, la Ligue arabe, etc., s'attendent à la chute de Bagdad et se préparent à l'après-Saddam. Les seuls qui ne l'espèrent pas encore, ce sont les populations du vaste monde arabo-musulman qui croient encore - et dur comme fer - que les Bagdadiens feront voler en éclats l'épouvantail américain ce qui mettra un peu de baume au coeur meurtri par une série de déconvenues, depuis un demi-siècle déjà. Le problème qui se pose alors est le suivant: les médias arabes ont abreuvé leurs téléspectateurs d'images et de commentaires hyperoptimistes sur les chances de l'Irak de repousser les attaques américaines. Aujourd'hui, Bagdad se trouve entre les mâchoires de la «machine de mort» américaine, et il est fort à craindre que les tenants de la résistance ne se réveillent aux bruits d'une autre déconfiture. Les derrières informations sont plus ou moins objectives sur les développements des batailles autour de la capitale Bagdad. Au fur et à mesure que les jours passent, les forces irakiennes vont diminuer, tandis que celles des coalisés vont être augmentées, complétées, remplacaes ou remises en l'état. Les échecs successifs du monde arabe vont, encore une fois, exacerber le sentiment de frustration des peuples, et il y a fort à craindre que les organisations terroristes armées, déjà nombreuses, vont proliférer et plus que par le passé (re) constituer une menace réelle aussi bien pour les régimes arabes que pour les démocraties occidentales.