Comment ces tendances, si différentes, parviendront-elles à oeuvrer ensemble dans l'intérêt de tous les musulmans ? «Cette élection est un événement extrêmement important, un exemple pour l'Europe», a déclaré Nicolas Sarkozy en témoignant sa pleine satisfaction du bon déroulement, sans aucun incident, de la première tranche des élections du Conseil musulman de France (Cfcm) avec, notons-le, un taux de participation de 87 %. En réalité, l'enjeu du scrutin de dimanche se trouve au niveau local. L'exemple d'une des régions de France (Alsace) est plus que frappant dans les analyses des observateurs. En effet, sur 100.000 personnes de confession musulmane (4 % de la population), 60 % sont issues du Maghreb, principalement du Maroc, 30 % de la Turquie et 10 % de l'Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient. Pour ces élections, 48 lieux de culte musulman avaient été retenus par le comité régional d'organisation des élections, et 189 délégués avaient été désignés. Trois listes étaient en présence. La première conduite par Benaïssa Dhenad, président du Centre culturel islamique des Algériens de Mulhouse et responsable de la liste Mosquée Ennasr, partait avec un handicap: proche de la mosquée de Paris. Résultat: 1 siège au Cfcm. La seconde liste a remporté la mise avec 17 sièges en tout dont 4 au Cfcm. Cette liste est conduite par le Marocain Boussouf, recteur de la mosquée de Strasbourg. Il est arrivé à fédérer la Coordination des associations musulmanes de Strasbourg et les Turcs du Ditib, contrôlés par Ankara. Face à cela, et pratiquement à égalité de sièges, une troisième liste de l'union menée par Abdallah Thomas Milcent. Ce médecin français, converti à l'Islam au cours d'un séjour en Afghanistan, auteur d'un ouvrage sur le voile islamique, est connu dans les régions de France pour conseiller les familles dont les filles, qui portent le voile sont exclues des collèges. Ainsi, en Alsace ce sont les Turcs, première minorité étrangère dans le Bas-Rhin, qui se révèlent l'élément décisif du scrutin. Les régions qui voteront dimanche prochain risquent, elles aussi, de réserver leur lot de surprises, avec, à la clé, une des questions qui se posent ici en France: comment ces tendances, si différentes, parviendront-elles à oeuvrer ensemble dans l'intérêt de tous les musulmans?