La fin de la guerre a eu lieu sans que les dignitaires de l'ancien régime aient été capturés. Les forces américaines ont franchi hier les portes de Tikrit, au nord de Bagdad, dernier bastion et fief du président déchu Saddam Hussein, rencontrant peu de résistance, après avoir affronté des «reliquats» de l'armée irakienne dans cette région. C'est ce qu'a annoncé le Commandement central (Centcom) au Qatar. Désormais, toutes les villes irakiennes sont sous le contrôle des troupes coalisées. La guerre, au sens propre du terme, vient de prendre officiellement fin au terme de seulement 25 jours d'affrontements. Les Tikritis, qui ont subi des bombardements intensifs pendant plusieurs jours, se sont préparés à recevoir les Américains. Mais aussi les pilleurs. Des milices armées, en effet, ont pris place dans la plupart des carrefours et endroits stratégiques de la ville afin d'éviter les scènes de pillage et de règlement de comptes qui caractérisent Bagdad, Mossoul et Bassora. Quelques heures avant l'entrée des troupes américaines, les chefs des 15 principales tribus restés à Tikrit avaient appelé les forces américaines à cesser le bombardement de la ville pour pouvoir négocier la reddition pacifique des fidayine restés dans la ville. Dans le même temps, et tout autour de la ville, les unités de l'armée américaine rencontraient peu de résistance et commençaient à bénéficier de l'aide de la population. Même si la population, de guerre lasse, a préféré se rendre plutôt que de continuer à subir des bombardements d'une intensité féroce, des membres de la Garde républicaine ont été tués ou faits prisonniers dans le secteur, selon un autre porte-parole du Centcom, le commandant Rumi Nielson-Green. Des éléments d'unités démembrées ou décimées ont cependant réussi à se regrouper, a précisé le porte-parole. Très fiers, les habitants de Tikrit ont annoncé permettre aux Américains d'entrer, mais pas aux membres de l'opposition qui les accompagnent partout. «S'ils viennent ici, nous nous battrons jusqu'à la mort», a déclaré un des chefs de tribus aux très rares journalistes encore présents dans les lieux depuis les graves attaques lancées par les Américains contre les représentants de la presse internationale. Ainsi donc, la ville-symbole de l'ancien président irakien est tombée sans livrer le fameux combat que tous les observateurs attendaient. Ce dénouement, quelque peu inattendu, pose non seulement des questions sur l'existence réelle ou pas des fameuses troupes d'élite de Saddam, mais aussi et surtout sur le devenir des dirigeants de l'ancien régime de Bagdad. Ceux-ci, au nombre de 52 selon les Américains, nettement plus nombreux même si tous ne sont pas recherchés, ont bien trouvé refuge quelque part puisqu'ils ne se sont battus nulle part, et ne se sont pas repliés vers Tikrit, comme le pensaient, en dernier ressort, la plupart des analystes et reporters présents sur les lieux.