Il est temps que la responsabilité et la disponibilité l'emportent sur la manoeuvre, l'indifférence et la fuite en avant. Tandis que le mouvement de contestation se poursuit, un vent de discorde semble diviser les ârchs. Ces derniers n'arrivent plus à se mettre sur la même longueur d'onde pour trouver une issue à une crise qui ne cesse de prendre de l'ampleur et dont les répercussions sur la région sont quelque peu négatives au plan économique. Mais paradoxalement, il est clair aussi que le mouvement citoyen se fera, non pas par des ârchs, mais par des citoyens. Entre les deux, les partis politiques gravitent pour récupérer la protesta à des fins typiquement politiciennes. Aujourd'hui, la Kabylie est dans une situation peu enviable. L'anarchie règne en maître en l'absence de l'Etat. Après deux années, la protesta en Kabylie n'est pas près de s'estomper. Bien au contraire, elle est partie pour durer dans le temps au cas où les revendications de la plate-forme d'El-Kseur, portée par plusieurs générations ne seraient pas satisfaites dans leur totalité. Le déplacement de quelques brigades de gendarmerie, l'indemnisation des victimes, tout comme la «reconnaissance» de tamazight, n'ont pas suffi à calmer les esprits et sont perçus comme un trompe-l'oeil. En outre, toutes les tentatives du pouvoir de trouver une solution à la crise sont restées vaines et ont même aggravé le désaccord entre la population et les pouvoirs publics en dépit des appels répétés au dialogue. Cet état de fait est beaucoup plus alimenté par une certaine désaffection des partis politiques qui, au lieu de relayer ce dossier auprès des autorités centrales, dans l'espoir de susciter un véritable débat de fond au sein des institutions étatiques, ont préféré la fuite en avant. En tentant de s'approprier le dossier, chacun selon ses intérêts propres, ils ont ainsi laissé le champ libre à toutes les dérives. En se mettant en porte-à-faux avec leurs électeurs, ils portent une large responsabilité dans cet échec global. Un échec qui risque de réduire leur popularité et leur crédit dans la région. A moins que l'un des thèmes de campagne de la prochaine élection présidentielle ne s'articule autour de cette question fondamentale. Pour autant, les manoeuvres semblent avoir commencé dans ce sens et les spéculations aussi, puisque l'on parle dans certains cercles d'initiés, de contacts entre Aït Ahmed et le pouvoir. De plus, certaines informations laissent entendre que des personnalités s'activent à la création d'un pôle démocratique devant rassembler la base dans le but d'apporter l'alternative au mouvement citoyen pour se placer comme force incontournable devant mener les discussions avec les pouvoirs publics et d'en tirer les dividendes. Lesquels dividendes serviront certains desseins électoralistes. Entre-temps, le simple citoyen continue de payer les pots cassés d'une situation qui semble s'éterniser. Face à cet échec de la classe politique, en même temps que celui du pouvoir, il est temps que la responsabilité et la disponibilité l'emportent sur la manoeuvre, l'indifférence et la fuite en avant.