Les mandats passent et se ressemblent, c'est le constat que nous sommes tentés d'établir après, seulement, un premier semestre de gestion des nouveaux élus. A l'ouest du pays, plusieurs assemblées se retrouvent bloquées par la faute de frictions nées entre les élus d'obédiences différentes. Tout peut devenir la cause de tiraillements qui bloquent l'évolution des APC pourtant déclarées multicolores. Le ministère de l'Intérieur avait, pour parer à la fièvre des retraits de confiance qui avaient caractérisé le précédent exercice, rappelé aux élus les modalités de fonctionnement des assemblées et mis en garde contre toute tentative de rééditer les mascarades qui avaient, au nom du libre exercice de la démocratie, conduit à des situations parfois ubuesques, résultat surtout d'une lutte d'intérêts souvent matériels. Il y a quelques jours, le maire de Tlemcen avait attiré l'attention de l'opinion publique sur les menaces dont il faisait l'objet. Dans un document transmis à la presse nationale, il avait rappelé qu'usant des prérogatives que lui confère la loi, il avait procédé à des permutations parmi ses pairs élus. Cette décision lui avait valu les inimitiés de certains élus qui l'avaient menacé de retrait de confiance. Cette situation n'est pas nouvelle puisque la mairie de Tlemcen avait connu un véritable blocage quand l'ancien maire avait tenté de réorganiser certains secteurs urbains et certains services de la commune. Des élus de différentes couleurs s'étaient ligués contre lui pour le pousser vers la sortie. A Mascara, on continue de se regarder en chiens de faïence malgré les mises en garde de la tutelle. Plusieurs communes de la wilaya vivent une véritable situation de blocage qui s'est traduite par le gel de certaines prestations offertes au citoyen. A Sedjrara, un élu est sorti de son silence pour dénoncer ce qu'il a qualifié de comportement irresponsable du maire et d'un de ses adjoints. Il leur reproche, dans un communiqué transmis à la presse d'avoir décidé la démolition de l'abribus qui avait coûté la coquette somme de 25 millions en 1987 au Trésor de la commune et d'avoir confié à un entrepreneur la réfection du bureau de poste de la localité obligeant ainsi les citoyens à faire des kilomè- tres pour trouver une agence postale. A Mohammadia, la réunion qui devait permettre l'installation d'un conseil consultatif communal de l'APC a tourné court après la levée de boucliers de certaines associations qui avaient affirmé qu'il n'était pas représentatif. Pour le moment, cette structure qu'on voulait un soutien à l'action des APC est devenue un enjeu de taille dans certaines communes puisqu'elle permet d'avoir un oeil sur la société et de préparer des alliances pour les futures échéances électorales. A Oran, après l'épisode des retraits de confiance dans certaines communes, on est revenu à la case départ, puisque les frêles équilibres qui font la mosaïque des APC risquent de voler en éclats à la première anicroche. A Hassi Bounif, le courant ne passe plus entre le maire et certains de ses pairs même parmi ses précédents appuis. D'autres communes sont déjà montrées du doigt par leurs habitants comme le secteur urbain de Sidi Lahouari où on n'a pas hésité à dénoncer le maire qui aurait porté le nom de certaines de ses connaissances sur des listes de bénéficiaires de logements sociaux. Ce dernier, qui se défend d'avoir enfreint la loi, est aujourd'hui la cible de toutes les contestations. Les préparatifs, qui avaient précédé la visite de Jacques Chirac à Oran, ont constitué aussi le détonateur de la grogne contre certains élus accusés, à tort ou à raison, d'avoir choisi des entreprises propriétés de leur entourage pour leur attribuer des chantiers de réfection de la ville. Tous ces aléas ont permis à un climat de suspicion de s'installer et aujourd'hui les APC qu'on voulait voir surgir au lendemain des dernières élections semblent bien loin, à moins que des mesures énergiques ne viennent remettre de l'ordre dans la maison.