Les néoconservateurs américains semblent naviguer à vue s'en prenant à tout ce qui bouge. L'arrestation-reddition de l'ancien vice-Premier ministre irakien Tarek Aziz, important personnage du régime baâssiste, ne semble pas, néanmoins, devoir apporter les éclaircissements ou réponses attendus, quant à la mystérieuse disparition de Saddam Hussein qui, par ailleurs, donne l'impression de narguer l'occupant américain, étant signalé un peu partout dans la capitale Bagdad. Ce qui, toutefois, peut être relevé, ce sont les circonstances dans lesquelles Tarek Aziz s'est rendu, ou a été arrêté, selon les informations contradictoires qui circulaient vendredi. M. Aziz a-t-il négocié sa reddition aux autorités d'occupation en leur fournissant des informations sur Saddam Hussein, contre, notamment, l'octroi d'un asile politique en Grande-Bretagne, comme le laissait entendre le tabloïd londonien The Sun? Ces assertions ont été démenties, hier, par le ministère britannique de l'Intérieur, quoique le secrétaire au Foreign Office, Jack Straw, ait, pour sa part estimé, vendredi, que Tarek Aziz est susceptible de donner «d'importantes informations». Sur le programme irakien? Sur le lieu ou se cache le président déchu Saddam Hussein? En vérité, en dépit des forces écrasantes - militaires technologiques et autres - mises en branle pour pacifier l'Irak la coalition américano-britannique donne plutôt l'impression de naviguer à vu, les choses, c'est le moins qui puisse être relevé, ne semblant pas aller comme l'avaient prévu les stratèges du Pentagone qui ont échafaudé la conquête de l'Irak. Même l'arrestation, vendredi, d'un autre gros morceau du régime de Saddam Hussein, l'ancien responsable des services de sécurité, Farouk Hijazi - de fait ce dernier ne figurait pas sur la fameuse liste des 55 dirigeants recherchés par les services américains - n'est pas de nature à éclairer un tant soit peu les Américains sur ce qu'ils cherchent réellement. En fait, pourquoi sont-ils en Irak? Pour détruire les armes de destruction massive que détiendrait le régime irakien déchu? Washington est allé jusqu'à falsifier des documents pour convaincre le Conseil de sécurité de la véracité de la chose. Seuls maîtres de l'Irak depuis cinq semaines, les Américains, qui ont refusé le retour des inspecteurs en désarmement de l'ONU, n'ont toujours rien découvert. Ce qui met en porte à faux, et quelque peu mal à l'aise les responsables de la Maison-Blanche, qui affirment après coup que, sans doute, Saddam Hussein a détruit l'armement prohibé mis à l'index. Ce que, en réalité, Bagdad avait toujours dit, affirmant ne pas disposer d'armes prohibées. Le porte-parole de la Maison-Blanche, Ari Fleischer, a déclaré hier, que «peut-être avec le temps, nous trouverons ce qui les a conduits à faire cela, ( cf. détruire les armes de destruction massive). Peut-être que c'est la crainte d'être découverts, pris la main dans le sac avec les armes que nous avons affirmé qu'ils possédaient». Explication baroque un peu tirée par les cheveux. Le porte-parole indique par ailleurs, que le président Bush, dira «au moment opportun» - sans doute jeudi prochain lorsqu'il se rendra sur le porte-avions «USS Abraham Lincoln» - que «la phase des combats dans l'opération s'est achevée et qu'une nouvelle phase, la reconstruction de la liberté, commence». Cependant, reste le fait que les Américains n'ont, jusqu'ici pas réussi à démontrer, l'existence d'armes de destruction massive irakiennes qui, aux yeux de l'opinion publique internationale, devait justifier la guerre engagée contre l'Irak. De ce côté c'est le chou blanc total, qui montre surtout que les Etats-Unis ont mené cette guerre désastreuse contre le peuple irakien dans l'objectif de garantir les intérêts américains dans la région, notamment par la mainmise sur les champs énergétiques irakiens. Ainsi, non seulement les Etats-Unis ont repris, depuis quelques jours, le pompage du pétrole irakien, allant de ce fait à l'encontre de tous les textes et lois régissant le secteur, mais aussi en décidant qui les accompagnera dans cette razzia du pétrole irakien et qui en sera exclu. Même au plan du futur de l'Irak, Washington, qui a établi de fait un protectorat sur l'Irak, avertit tous azimuts qu'il est seul maître des lieux comme le faisait le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, qui, revenant sur ce qui, selon Washington, serait une ingérence dans les affaires irakiennes de l'Iran, met en garde Téhéran déclarant: «Les Etats-Unis ne permettront pas que la transition démocratique vécue par le peuple irakien soit détournée par ceux qui voudraient installer une nouvelle forme de dictature». Quelque peu sur la défensive, les Américains semblent s'en prendre facilement à tout ce qui bouge ou ceux qui n'approuvent pas leur diktat.