L'arrestation, ou la reddition de ces dirigeants est devenue une affaire de routine Parallèlement à la traque des anciens responsables du régime baâssiste irakien, qui s'est soldée ce week-end par l'arrestation de cinq dirigeants recherchés, -répertoriés dans la «liste noire» du commandement central américain-. Le plus connu d'entre eux est sans aucun doute l'ex-vice-Premier ministre Tarek Aziz, considéré comme le «messager» de Saddam Hussein, lui ayant servi de lien, avec le reste du monde. L'arrestation, ou la reddition - comme celle du général Amer Al-Saadi conseiller scientifique du président irakien - de ces dirigeants est devenue une affaire de routine, les Américains étant convaincus que ce n'est plus qu'une question de temps. Ce temps joue cependant contre les occupants américains qui tardent à dire ce qu'ils comptent faire de l'Irak. Le problème récurrent qui se pose à l'administration occupante américaine est bien la formation d'un gouvernement irakien «représentatif» acceptable par les diverses tendances du champ politique irakien. Toutefois, il apparaît, à tout le moins, difficile dans les circonstances actuelles de pouvoir mettre en place une structure gouvernementale apte à travailler et surtout capable de faire le consensus autour d'elle. Cela, d'autant plus que l'administrateur américain, Jay Garner, n'entend pas qu'une telle structure soit désignée, mais élue. Ce qui, dans le cas de la situation actuelle, reporte à une période indéterminée la mise en place d'un gouvernement irakien «démocratiquement» élu. Toutefois, les Etats-Unis craignent d'être pris de vitesse, notamment, par les chiites qui ont procédé, lors du pèlerinage à Kerbala, d'une véritable démonstration de force. D'où les mises en garde de Washington quant à la constitution d'un gouvernement «théocratique» à Bagdad, accusant au passage Téhéran (voir papier de M.Abdoun) d'encourager une telle issue. Cependant, échaudés par les critiques portés contre eux, les Etats-Unis, essaient de calmer le jeu, le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, affirmant que les USA «voulaient voir émerger en Irak un gouvernement respectueux de l'Islam» que celui-ci devrait «représenter toutes les communautés religieuses». A partir de Rabat, l'ancien secrétaire d'Etat de Richard Nixon, Henry Kissinger - ayant l'oreille des dirigeants républicains - renchérit: «Je suis convaincu que les Etats-Unis accepteront un gouvernement chiite en Irak, si cela est le fruit du processus démocratique» indiquant, «du moment que les chiites sont majoritaires en Irak, je ne vois pas comment la Maison-Blanche va s'opposer à leur accession au pouvoir, c'est ça la démocratie». Certes, reste cependant à savoir comment les choses vont évoluer et dans quelle mesure Washington est réellement disposé à jouer le jeu d'un Irak «libéré». Ce qui, pour le moment, est plutôt démenti par ce qui se passe sur le terrain et par le renforcement de l'occupation américaine sur le territoire irakien.