Il fait le point sur l'activité culturelle des mois qui viennent de s'écouler et nous parle des perspectives d'avenir. «Jamais cela ne s'est produit; 3000 manifestations, réparties sur l'année, cela fait à peu près 10 manifestations par jour. C'est extraordinaire!», nous a déclaré Mohamed Raouraoua, commissaire côté algérien de Djazaïr, l'Année de l'Algérie en France et aussi président de la FAF. A ceux qui tentent de dénigrer cette manifestation, il répond que c'est faux. «D'abord, nous sommes parmi les rares pays à avoir bénéficié d'une saison culturelle complète, c'est-à-dire s'étalant sur toute une année. Ensuite jamais un autre pays n'a, jusqu'à aujourd'hui, pu «sortir» de Paris. Nous sommes le premier pays à avoir organisé des manifestations sur tout le territoire français». Radieux et tout sourire, M.Raouraoua ne cache pas son enthousiasme et sa pleine satisfaction, quant au bon déroulement, jusqu'à présent, des événements, notamment du rapprochement renforcé entre les deux nations organisatrices de cette année. Prolixe, il ne manque pas de rappeler, par ailleurs, un large pan de ce programme conçu par l'Afaa (Association française d'action artistique) et accordé par décision commune des deux commissaires généraux, prouvant par-là toute sa richesse et sa diversité. Plusieurs sujets ont été abordés. Notons que 450 titres ont été labellisés, c'est-à-dire, placés sous l'égide de l'Année de l'Algérie en France. A raison de 1 200 exemplaires par titre. «L'Algérie était en force lors du dernier Salon du livre à Paris», a-t-il indiqué. On dénombre pas moins d'une soixantaine d'éditeurs participants et plus d'une quarantaine d'auteurs qui ont signé leurs oeuvres. «Même les ouvrages français qui traitaient de l'Algérie avaient leur place dans notre stand», souligne M.Raouraoua. Côté musique, il est avancé un chiffre de 1500 artistes sélectionnés, tous genres musicaux confondus. «Aujourd'hui, on a plus de 100 groupes du Sud qui y participent.» En France, le mois de mai annonce, la saison des festivals. L'Algérie sera présente dans plus de 100 festivals. «Par le biais de l'Afaa, nous avons fait appel à plus de 200 gestionnaires de spectacles». Un orchestre de musique andalouse s'est produit devant un parterre de plus de 1500 personnes. C'est dire l'engouement du public pour cette musique. Du coup, ces orchestres sont demandés un peu partout dans différentes villes. L'orchestre philharmonique national d'Algérie, dirigé par Amine Kouider, n'est pas en reste. A propos des artistes non retenus, M.Raouraoua explique: «Nous ne sommes pas les programmateurs, nous sommes liés à ceux qui se trouvent là-bas. Nous, nous avons fait un inventaire extraordinaire, fait des propositions. Au fur et à mesure, ils nous disent: nous prenons ça et ça...». S'agissant du volet cinématographique, le commissaire algérien de l'Année de l'Algérie en France dira que «grâce au commissariat, le Ftadic (Fonds d'aide au développement de l'industrie cinématographique) a été réactivé», afin d'encourager tous les projets. En effet, 13 longs-métrages de fiction ont été aidés par l'Année de l'Algérie. Il y a lieu de souligner que parmi eux il y avait ceux qui avaient une obligation contractuelle de livrer leur film au 31 décembre 2002, deux producteurs ont remboursé le commissariat général, tandis que les autres dans le même cas doivent rembourser le commissariat général, dans la mesure où la clause qui fait obligation de livrer le film au 31 décembre 2002 n'a pas été respectée. Evoquant le patrimoine notamment, cette exposition sur l'Algérie antique, nous apprenons que plus de 200 objets des collections des grands musées algériens sont montrés pour la première fois en dehors du pays. Ils forment avec des prêts du Louvre et du cabinet des médailles, cette exposition qui évoque les civilisations de l'Algérie antique, depuis les royaumes numides et maures jusqu'à l'arrivée des Vandales au Xe siècle. Le public français pourra apprécier des mosaïques, peintures, bijoux, mobilier, objets de la vie domestique provenant des importants musées de l'Est du pays, Annaba, Djamila, Guelma, Lambèse, Sétif, Timgad, Tébessa, Tipasa, Cherchell et Alger. «Belle prise de conscience que la préservation de ce riche patrimoine autour duquel, toutes ces expositions font l'objet de catalogues d'échantillonnages qui sont des ouvrages scientifiques extraordinaires». L'art culinaire et vestimentaire dans leur authenticité sera également mis en avant. L'artisanat est à l'honneur pendant 6 mois à l'Institut du monde arabe. Côté théâtre, le commissariat a produit 15 pièces dont la plupart ont été jouées en avant-première ici. L'enjeu, dont beaucoup d'artistes, y compris les boycotteurs, n'ont pu saisir que récemment la véritable importance, d'où le changement d'attitude de la plupart d'entre eux. M.Raouraoua évoque la récente conférence de presse des artistes d'expression amazighe animée par Aït Menguellet. «Les boycotteurs se comptent aujourd'hui sur les doigts d'une seule main», estime-t-il. Concernant la médiatisation de Djazaïr en France, le commissaire dira: «Jamais une saison culturelle n'a eu autant de presse que celle de l'Algérie. En trois mois on a eu plus de presse que les autres années, notamment, l'année du Maroc...». Expliquant le manque de couverture de cette manifestation par les médias lourds français, M.Raouraoua imputera cet état de fait à leur système d'information qui est différent du nôtre et basé encore plus sur l'événementiel. «Il se passe plus d'une centaine d'expositions dans l'Hexagone qui ne sont pas forcément couvertes. C'est plus l'apanage de la presse régionale qui se fait régulièrement l'écho de ce qui se produit un peu partout...». Confiant et optimiste enfin de l'avenir de cette année, décidément de toutes les controverses, Raouraoua indique que beaucoup de ces manifestations vont toucher d'autres pays européens et autres, du fait qu'ils se sont fait remarquer par leur qualité. Une imposante exposition d'architecture est d'ores et déjà demandée par le musée d'Ottawa. Ceci n'est qu'un exemple parmi tant d'autres...