Il est regrettable que la notification de ce niet, absolument illégal, nous soit parvenue le jour de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Il serait passionnant pour les lecteurs en général, et les observateurs avertis en particulier, de voir de quelle manière éhontée se comporte ce prétendu défenseur des libertés démocratiques qu'est Issad Rebrab pour éclipser un journal ne défendant pas les thèses qui sont les siennes et refusant ostensiblement de vivre sous le «joug» de sa manne financière. Le temps des aveux et des révélations, décidément, ne fait que commencer. NMA, la Nouvelle messagerie algérienne, propriété de l'homme d'affaires Issad Rebrab, s'occupe de la diffusion des journaux, mais aussi de leur transfert et vente vers l'étranger. Elle en détient même l'exclusivité, conclue avec IPS (International Press Service). Or, notre journal, à l'instar de nombreuses autres publications de ce pays, a conclu un contrat en bonne et due forme avec cette entreprise dans le but de commencer à être diffusé en France, mais aussi vers d'autres régions de la planète. Le document que nous reproduisons ici en fac-similé en est une preuve irréfutable. Très prisé et très repris outre-mer, L'Expression est particulièrement demandé en France, pas seulement par la communauté algérienne habitant l'Hexagone. Dans le cadre de la finalisation de ce contrat, les responsables de notre journal ont pris langue avec le dire- cteur de NMA, M.Bibiche. Ce dernier a même été reçu au siège de notre journal. Lors de l'entrevue qu'il a eue avec les responsables du journal, en homme d'affaires conscient des bénéfices pouvant être engrangés à la suite de la diffusion d'un média aussi demandé que le nôtre, il s'est montré très intéressé, promettant que les modalités pratiques seraient finalisées dans un délai record. De gros bénéfices sont engrangés par NMA dans cette opération puisqu'elle touche la bagatelle de 4,9 DA pour chaque journal, qu'il soit vendu ou pas. Or, une notification nous est parvenue quelque temps plus tard faisant état de l'impossibilité devant laquelle se trouvait NMA de diffuser notre journal à l'étranger. M.Bibiche a informé M. Fattani, par le biais d'une tierce personne, que ce dernier devait connaître les raisons de ce brusque refus. Entendre par là qu'Issad Rebrab a donné ordre à son employé de ne pas transporter L'Expression alors que sa société, de droit algérien, est tenue d'obéir aux lois algériennes et d'honorer le contrat conclu entre IPS et L'Expression. NMA, qui effectue des tâches de service public, est tenue de ne pas faire de discrimination entre les titres, ce qui est loin d'être le cas pour la société d'Issad Rebrab. Ce qui choque surtout, outre le fait que cet homme d'affaires se permette de défier aussi impunément les lois de la République, c'est qu'il prétende, dans le même temps, être un acharné défenseur de la démocratie et de le liberté d'expression. L'Expression en a informé de hauts responsables algériens, à l'instar de Khalida Toumi, ministre de la Communication et de la Culture, et Karim Younès, président de l'APN. Tous se sont déclarés outrés par des comportements qui n'honorent en rien la démocratie et la liberté de la presse, et qui portent atteinte aux lois de la République. A ce propos, du reste, notre journal s'est réservé le droit de porter cette affaire devant les institutions compétentes algériennes. Cela sans oublier de souligner au passage que l'Anep, qui a énormément investi dans le même créneau, dans le cadre de la mise en place de son GPC (Groupe Communication Presse) compte bientôt lancer sur le marché son propre circuit de distribution à l'étranger. L'Anep, qui jouit de l'expérience et des compétence nécessaires pour la réussite de ce projet, compterait appliquer des tarifs hautement plus compétitifs de l'ordre de seulement 2 DA pour chaque journal dans le cadre de son soutien, véritable celui-là, à la liberté de la presse et d'expression.