Alors qu´en Algérie le gouvernement peine depuis plus de dix ans à privatiser les briqueteries ou les hôtels deux étoiles, et que les grandes surfaces comme les Souks el fellah et les Galeries demeurent fermées pour des raisons obscures, leur personnel au chômage ou disséminé aux quatre vents, les Américains, eux, sont en train de privatiser la conquête de l´espace. Tout comme l´exploration du Far West avait été la grande affaire des pionniers et des premiers colons, on voit que le génie des Américains, peuple issu de plusieurs générations d´émigrants venus d´Europe mais aussi d´au-tres continents, disputent à leur gouvernement le choix de faire des projets dans des secteurs qui peuvent paraître comme tabous pour les autres nations du monde. Avoir le droit de réaliser son rêve et d´imaginer des solutions aux problèmes quotidiens sans attendre le feu vert de l´administration est une chose possible au pays de l´oncle Sam. L´esprit d´initiative et la liberté d´entreprise ont déjà ouvert la voie à leurs capacités de création. La législation américaine, très permissive, leur permet déjà de gérer des secteurs qui, dans les autres pays, sont gérés par l´Etat, y compris les prisons, les hôpitaux, les universités, le nettoyage des villes. Quant aux secteurs de la technologie de pointe, comme l´industrie aéronautique ou l´informatique, il y a longtemps que les grandes firmes privées, comme Boeing ou IBM en sont les chevilles ouvrières. La Nasa elle-même où l´armée américaine sous-traite une grande partie de ses équipements auprès d´entreprises privées. C´est, du reste, pour revenir à la conquête de l´espace ; l´un des fondateurs de Microsoft, le milliardaire américain Paul Allen, qui a sponsorisé, grâce à un financement de plus de 20 millions de dollars, la construction de l´appareil spatial Space Ship One, à bord duquel le pilote américain, d´origine sud-africaine Mike Melville, a réussi à dépasser hier les 100 km d´altitude lors d´un vol suborbital, devenant le premier appareil privé de l´histoire à atteindre l´espace. Quant à Burt Rutan, 61 ans, concepteur de l´engin et propriétaire de la société Scaled Composites, il affirme que les nouveaux entrepreneurs du vol spatial privé ont une vision. «Nous voulons que nos enfants puissent aller sur d´autres planètes» a-t-il ajouté. Pour paraphraser Ahmed Ouyahia, qui ne cesse de répéter que l´économie de marché est un kit que nous achetons et que nous appliquons en bloc, on peut rétorquer que l´esprit d´entreprise est un tout indissociable, et que la liberté de presse et d´expression en sont une partie intégrante. Une société rigide et qui réprime la parole court à sa perte. Norbert Wiener, le père de la cybernétique, a toujours dénoncé le manque de transparence et le musellement de la parole, mettant en garde contre l´entropie de l´information qui peut entraîner la désintégration sociale. Le pluralisme de la presse, le débat contradictoire, la réforme du système éducatif, mais aussi l´ouverture du champ audiovisuel, sont des atouts qui permettront d´arrimer les Algériens au train du troisième millénaire.