La fondation Friedrich Ebert ne cessera pas de nous étonner, en invitant plusieurs personnalités algériennes à débattre du code de la famille, samedi prochain. Réunir autour de la même table ronde Louisa Hanoune et Abdallah Djaballah est un défi que peu d´organisations osent lancer. Et ce n´est pas un débat de trop, puisque tout ce qui a trait au code de la famille provoque des prises de position passionnées. C´est normal, dans la mesure où certaines dispositions du code en vigueur adopté par les députés en 1984 vont à l´encontre de l´égalité des droits entre l´homme et la femme, telle que consacrée par la Constitution. Louisa Hanoune et Abdallah Djaballah sont tous deux des poids lourds de la politique. Non seulement ils sont à la tête de deux partis influents représentés au Parlement, mais en plus ils ont tous deux été candidats aux élections présidentielles du mois d´avril 2004. Quant au parcours de ces deux bêtes politiques, il met en valeur leur persévérance et leur combativité, ainsi que les lignes saillantes de leurs programmes politiques et idéologiques. Par exemple, il est connu de tous que Abdallah Djaballah défend des positions islamistes. Au sein de l´Assemblée populaire nationale, il a pu mettre à mal plusieurs fois le gouvernement. Non seulement il est arrivé à modifier la loi électorale, obtenant la suppression des bureaux itinérants et du vote dans les casernes, mais en plus, il a surpris tout le monde en interdisant dans la loi de finances 2004, l´importation d´alcools, au grand dam de Abdelatif Benachenhou, qui a préparé le texte de la loi de finances et de Noureddine Boukrouh en négociation pour l´adhésion de l´Algérie à l´OMC. C´est de bonne guerre pourrait-on dire. Si la coalition gouvernementale n´arrive pas à se mettre d´accord pour soutenir et défendre ses projets de loi, ce n´est pas à l´opposition de le faire, d´autant plus qu´arithmétiquement parlant, les trois partis de la coalition (RND, FLN et MSP) sont majoritaires au Parlement. Néanmoins, Djaballah ne s´est jamais trompé de cible: s´inscrivant toujours dans les rangs de ceux qui défendent la liberté d´expression et réclamant l´ouverture du champ audiovisuel, tout comme il a dénoncé l´emprisonnement des journalistes. Quant à Louisa Hanoune, elle n´est pas moins pugnace. Son programme politique est quelque peu aux antipodes de celui d´El Islah. Sur le plan économique, elle est plutôt proche des travailleurs. Ennemie jurée du FMI, elle n´a de cesse de défendre âprement le secteur économique public, contre vents et marées, même quand il est au bord de la faillite. Démocrate, laïque, elle n´a pourtant pas hésité à enfourcher son cheval ailé pour voler au secours des chouyoukhs emprisonnés. Aujourd´hui comme hier, elle reste une pasionaria dont la voix compte sur la scène politique algérienne. Et puis, concernant justement le code de la famille, elle n´a pas été par trente-six chemins et a réclamé son abrogation pure et simple, considérant comme une honte la situation d´infériorité qui est celle de la femme algérienne. Une femme qui a donné des leçons de bravoure et d´abnégation à travers les siècles, de la Kahina à Hassiba Ben Bouali. Il serait bien que la rencontre-débat organisée par la fondation Friedrich Ebert soit couverte comme il se doit par les médias nationaux, d´autant plus qu´y assistent, outre les deux personnalités que nous avons citées, des militantes du RCD, du RND, de l´Ugta, et l´avocate Me Aït Zaï.