Au départ, dès l´ouverture des premières banques, l´argent mis en circulation appartenait au banquier et à sa famille. Avec le développement du capitalisme qui exigeait de plus en plus de liquidités, les banquiers ont sollicité l´apport des épargnants. Le banquier gère l´argent et l´épargnant reçoit à la fin de chaque exercice ses dividendes. Au départ, c´est la confiance qui règle les rapports entre épargnants ou actionnaires et banquiers. Des règles strictes, avec contrôle de l´Etat, régissent les rapports entre actionnaires et gestionnaires. Le banquier est tenu de gérer l´argent des autres avec autant de circonspection que s´il s´agissait de son propre patrimoine. Hélas, il n´en est pas toujours ainsi. France 5 vient de diffuser un documentaire édifiant : il consiste en une biographie très éloquente de Jean-Marie Messié, ex-président-directeur général du groupe Vivendi-Universal. Celui qui a traversé le monde des affaires comme un météore était aussi un homme habile en communication. Il a été sollicité et introduit à la tête de la Générale des Eaux par l´ancien directeur de cette puissante société tentaculaire qui occupait de multiples secteurs d´activité (traitement et commercialisation des eaux, travaux publics, hygiène et environnement, immobilier) comme le puissant groupe géré par un conseil d´administration de 18 membres tous aussi rompus les uns que les autres à la gestion des porte-feuilles, traversait une grave crise due à la dégringolade des valeurs immobilières. La venue de ce jeune énarque, séduisant, communicatif et audacieux eut les effets escomptés : il réorganisa le groupe en recentrant ses activités, vendit les valeurs immobilières et paya toutes les dettes. Ayant le vent en poupe, le jeune one man show de la finance jeta son dévolu sur Canal+ qui tomba comme un fruit mûr dans son escarcelle, puis le groupe de publicité Havas. Ainsi naquit Vivendi. De succès en succès, J2M acheta un puissant groupe de communication américain (Seagram) et partit s´installer en Amérique. Là commencèrent les difficultés pour le golden boy : les actions du groupe Vivendi Universal commencèrent à baisser pour plonger jusqu´à 40% de leur valeur. Malgré toutes les manoeuvres habiles qu´il déploya, il fut débarqué de son poste grâce à la pression des petits porteurs d´actions et au personnel de Canal+. Le comble, c´est que le salaire du P-DG augmentait au fur et à mesure que son groupe coulait. C´est le même comportement immoral de certains responsables d´Etat qui préférèrent dépenser l´argent du contribuable dans des opérations de prestige plutôt que de chercher à améliorer son quotidien.