On l´appelle Ouyahia. Spécialité : faire des ponctions sur salaires pour décourager les velléités de revendication salariale. Aussi, à maintes reprises a-t-il repoussé les assauts de l´Ugta de vouloir obtenir l´augmentation du Salaire national minimum garanti, et notamment l´annulation de l´article 87 bis, dont la suppression aurait eu pour effet, affirme le chef du gouvernement, d´entraîner une dépense supplémentaire de près de 500 milliards de dinars, et la fermeture de plusieurs entreprises publiques économiques, qui seraient fragilisées par l´arrivée de cette nouvelle et lourde ardoise. C´est la rigueur version Ouyahia, dont l´effet psychologique sur la diminution de l´inflation n´est pourtant pas évident, d´autant plus que les chefs d´entreprises se prononcent, eux, pour l´encouragement de la consommation, seule en mesure, à leurs yeux, de relancer la machine économique. Il se trouvera cependant des pessimistes pour vous dire qu´en Algérie, encourager la consommation ne servira qu´à gonfler la facture à l´importation, déjà trop lourde. Effets positifs supposés d´une telle politique d´austérité : raffermir le dinar, qui a déjà subi plusieurs dévaluations au cours des années 90. Pour l´heure, la tendance est plutôt à l´augmentation des prix administrés : eau, électricité, gaz, carburant. Et cela a pour effet bien évidemment d´avoir des incidences sur, d´abord, les prix des transports, et ensuite, par effet boule de neige, sur les prix des autres branches: le pain, les fruits et légumes, pratiquement toutes les denrées alimentaires connaîtront une inflation, sans doute à deux chiffres. L´équation est simple : on n´augmente pas les salaires, mais on augmente les prix administrés, avec effet d´entraînement sur les produits de base. En d´autres termes, la monnaie nationale ne profite pas du tout de la politique d´austérité suivie par le gouvernement. Puisqu´on efface d´une main ce qu´on semblait écrire de l´autre. Bien au contraire, les augmentations du prix du gaz (5 %) et de celui de l´électricité (2 %), décidées par le dernier conseil de gouvernement ont été faites en vertu de la loi sur les hydrocarbures actuellement en vigueur, à savoir celle du 19 août 1986. Alors que tous les analystes prédisent que la nouvelle loi sur les hydrocarbures, récemment votée par les deux chambres du Parlement, et qui n´est pas encore promulguée, va totalement libérer les prix de l´énergie pour, soi-disant, rendre le secteur attractif aux investissements directs étrangers dans le secteur. On demande pourtant, très humblement, à rester sceptique. Non seulement, l´Exécutif ne fait rien pour encourager la consommation, surtout du fait d´un accès très difficile au crédit, mais toutes les dernières mesures n´auront qu´un seul effet : éroder une bonne fois pour toutes le pouvoir d´achat, et rendre plus pauvres ceux qui le sont déjà. Tout cela est d´autant plus incompréhensible que le prix du baril ne fait que monter. Aux dernières nouvelles il caracolait aux alentours de 57 dollars sur le marché de New York. Non seulement le moindre incident provoque de nouvelles flambées, comme l´incendie de la raffinerie de BP au Texas, ou la panne d´électricité au Venezuela, mais en plus tous les signaux indiquent qu´on peut facilement aller vers un baril à 105 dollars. Il avait été dit que malgré une croissance de 9,5 %, la Chine n´était pas en mesure d´absorber de plus grandes quantités de pétrole, du fait d´un prix trop élevé. Qu´à cela ne tienne! Le parc des raffineries tourne pratiquement à plein régime aux Etats-Unis, de même qu´en Europe et en Chine, alors qu´une étude de Goldman Sachs a relancé la spéculation sur les produits raffinés. Les cours se trouvent en «début d´une forte poussée de fièvre», mais en Algérie, où la loi de finances est faite sur la base d´un baril à 19 dollars, cette fièvre n´est pas répercutée sur la vie quotidienne des citoyens.