L'espoir de les retrouver vivants s'effrite chaque jour un peu plus. La mystérieuse disparition de trente et un touristes européens dans le Sahara depuis plus de soixante-dix jours donne la nette impression que le petit empan d'espoir de les retrouver vivants s'amincit. Le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, qui a rectifié le tir du ministre du Tourisme avant-hier devant l'Assemblée, a remis les choses à leur froide proportion initiale: rien n'a été trouvé, aucune négociation n'a été entreprise et aucune piste ne présente des éléments fiables sur lesquels on pourrait se baser pour esquisser un bout de solution. En termes clairs, le mystère qui entoure la disparition des touristes européens «évanouis» dans le Sahara algérien s'épaissit chaque jour un peu plus et l'on se trouve aujourd'hui au point zéro des recherches, où, parfois, en train de tisser des toiles d'hypothèses basées sur des interprétations plus aléatoires les unes que les autres. Pourtant, depuis au moins une quinzaine de jours, les propos officiels laissaient entendre que des pistes avaient été mises au jour et que des indices tangibles laissent penser que les disparus sont toujours en vie. Aujourd'hui, le constat d'échec est établi, bien que les opérations de recherches se poursuivent toujours. «Le triangle de feu» (Tam-Djanet-Ouargla) a été passé au peigne fin et les gros moyens mobilisés par les autorités algériennes (avions de patrouille à télédétection de chaleur, 4x4, apport des guides et des chameliers, en plus de quelque 1500 hommes, militaires, gendarmes et gardes frontières) n'ont abouti à aucune piste sérieuse. Pressée de toutes parts, l'Algérie se voit contrainte de donner des explications sur le sujet. Et vite! Les chancelleries occidentales (allemande et autrichienne surtout) commencent à s'impatienter en lançant des messages d'une extrême virulence. Le souhait de Berne et de Vienne de voir leurs experts participer aux recherches, renseigne sur un sentiment de vague suspicion qui s'installe de l'autre côté de la Méditerranée au fur à mesure que le temps passe. Le mystère de la disparition des 31 touristes européens semble tellement invraisemblable qu'il offre une large gamme d'exégèses à ceux qui en veulent. Personne ne veut croire que les six groupes de touristes aient disparu les uns après les autres sans laisser de trace, sans laisser de corps et sans qu'il soit possible de donner une explication sérieuse à leur disparition. Au contraire, soutient l'analyse, «la concentration de leur disparition dans le temps et dans l'espace, le tri sélectif opéré dans le choix de ces disparitions (presque tous de langue germanique) et l'absence du moindre indice de leur mort renseignent sur la nature systématique de ces disparitions». La thèse de l'enlèvement fait, alors, florès. Mais aucune revendication n'est venue étayer cette probabilité. D'où l'épaississement d'un problème quasi insoluble. L'appel des chancelleries allemande, autrichienne et suisse à leurs ressortissants les exhortant à ne pas s'aventurer dans le Sahara algérien est déjà une punition pour l'Algérie. Au moment où le tourisme semble représenter un des rares créneaux porteurs pour l'investissement étranger.