Par rapport aux deux autres leaders de l´alliance, qui enracinent leur discours exclusivement dans la démarche d´explication ou de vente de la réconciliation nationale, Belkhadem est celui qui développe le plus un sens aigu de la saisie d´une opportunité. Alliant la capacité à la volonté de prendre l´initiative, il joue ou il tente de jouer de l´influence que confère à son parti la FLNisation du président pour prendre deux longueurs d´avance sur ses deux alliés. Un septennat pour contourner d´éventuels incertitudes d´un 2009 qui n´aura pas lieu et une révision de la Constitution pour déterminer la nature du régime politique et ainsi faire appliquer le fait majoritaire à l´effet de récupérer pour son parti le poste de chef du gouvernement. Se placerait-il dans la situation où il apparaîtrait qu´il s´agirait simplement de propositions fermes ou de revendications et d´intentions déjà programmées? Préparation à un conditionnement de l´opinion publique sur la lancée d´un succès au référendum? Considérant d´abord la question du septennat. L´idée est judicieuse dans la mesure où elle fait l´économie de la suppression de la limitation à deux mandats pour ne pas rééditer le cas égyptien si décrié par le mouvement Reffa de l´opposition. Le recouvrement de la paix étant un processus qui s´inscrit dans la durée, peut-être au-delà du mandat actuel et du suivant, la démarche de réconciliation sera ainsi menée à son terme sous la conduite de son initiateur. Quand serait validée la durée d´un mandat porté au septennat et quand prendrait fin son échéance ? Si le septennat prend effet en 2006, il sera épuisé en 2013. S´il prend effet en 2007, il sera épuisé en 2014. S´il prend effet en 2008, il sera épuisé en 2015. Dans cette dernière perspective, le président disposera d´une durée de dix années pour conduire le processus de réconciliation nationale. Parmi les acteurs actuels pouvant prétendre à un destinée nationale, nombre d´entre eux seront épuisés à cette échéance tandis que d´autres en seront à demander à Dieu de leur accorder vie, santé et capacités intellectuelles intactes pour lutter contre l´usure du temps et l´ennui. Le FLN, parti majoritaire débarrassé du FIS et de Wafa, va tenter par le biais de la révision constitutionnelle de récupérer tous les espaces du pouvoir qu´il avait perdus. Le FLN, quoique majoritaire, n´avait pas encore fait du président de la République son propre président avant qu´il n´ait dépossédé le RND de sa majorité. Il n´avait pas encore fait de même avant les élections présidentielles d´avril 2004, avec la conséquence qu´il ne pouvait pas prétendre que le programme du président était le sien. A défaut, pour cause de septennat, que le président de la République se présente à une autre élection à échéance proche en tant que président du FLN pour justifier la FLNisation de la conduite du gouvernement, Belkhadem va se rattraper avec la révision de la Constitution. Ouyahia, qui n´est pas né de la dernière pluie, a accédé au code de cheminement de la pensée de Belkhadem en disant que cette révision n´est pas à l´ordre du jour car si le fait majoritaire venait à s´appliquer, toute la suite serait facile à imaginer et cela pourrait mener jusqu´au «redressement» du RND. La question du septennat pourrait se régler dans le cadre d´un vote parlementaire, les deux chambres réunies comme cela avait été le fait pour les questions de la Constitution de la langue amazighe, comme langue nationale dans sa «diversité régionale». Qui l´emportera alors de Belkhadem et de Ouyahia, sachant que Soltani est hors jeu? Quant à l´idée du septennat, pourquoi pas alors un décennat pour aller jusqu´en 2018?