Les tractations sur la date de la tenue du congrès extraordinaire du FLN, à l'issue duquel sera désigné le candidat à la présidentielle de 2004, semblent atteindre leur vitesse de croisière. Une course contre la montre est engagée entre deux tendances, au sein du parti majoritaire, qui s'affrontent sur la date de cette échéance. La première est constituée des fidèles de Benflis qui plaident pour la tenue de ce congrès vers la fin de l'année en cours, la seconde s'active pour avancer le congrès extraordinaire au 20 août prochain ou, au plus tard, le 2 septembre. Ce travail de coulisses met le secrétaire général du FLN face à de sérieuses épreuves. Benflis, qui a refusé de troquer son parti contre son maintien à la chefferie du gouvernement, sous la coupe présidentielle, réussira-t-il le pari de maintenir la cohésion des rangs du FLN suite à l'onde de choc politique produite après son limogeage? Depuis la tenue de son huitième congrès, le FLN se considère autonome dans ses décisions. Sous Benflis, l'ex-parti unique a subi une mue qualitative. Cependant, le réflexe et la culture politique au sein du FLN demeurent la soumission au pouvoir en place. Aussi cette manifestation d'indépendance est-elle entièrement partagée au sein du parti. S'exprimant dans notre journal, un député FLN a déclaré mercredi passé: «(...) Les 200 députés siégeant à l'APN sauront faire prévaloir les intérêts du pays sur ceux, étroits, du parti.» Il faut s'attendre alors à une campagne de séduction à l'endroit des cadres du parti surtout les tenants «des intérêts suprêmes de la nation» pour casser la dynamique de Benflis qui n'aura pas la tâche facile s'il se présente à la présidentielle de 2004. Malgré l'enthousiasme qui lui est affiché à chacune de ses sorties, rien n'est acquis pour le secrétaire général du FLN qui n'ignore pas que le travail de coulisses peut faire ou défaire des hommes politiques. Il est fort probable donc que l'on assiste à des défections, même si Benflis s'est assuré le contrôle du parti à l'issue du 8e congrès et surtout en éliminant les proches de Bouteflika des instances de direction du FLN. Si la réapparition du clan hamrouchien qui tente de reprendre en main le parti, ne semble pas inquiéter Benflis, ce sont plutôt les cercles présidentiels qui risquent d'entraver son élan. En effet, n'étant plus Chef du gouvernement, Benflis aura à affronter la pression que va exercer l'administration à travers les walis et les chefs de daïras sur les élus et les responsables locaux du FLN. Une éventualité qui risque d'isoler totalement Benflis à la tête d'un parti dans lequel la majeure partie de la population a placé sa confiance lors des élections législatives et communales. Il reste qu'au-delà de ces luttes politiques, Benflis a fait preuve d'un réel sens de l'Etat. Qu'il s'en sorte vainqueur ou vaincu, l'Histoire retiendra qu'il a contribué, à travers cet épisode, à imprimer une pratique démocratique propre à l'Algérie.