Ses propos ont été rapportés par Algeria-interface. L'avocat Mohand Issad vient de livrer de nouveaux éléments d'informations sur l'enquête relative aux événements de Kabylie dont il avait présidé la commission pendant les mois ayant suivi la répression sanglante des manifestants du Printemps noir d'avril 2001. Les propos de l'ex-président de ladite commission ont été rapportés par Algeria-interface. Revenant sur les circonstances de sa désignation à la tête de la commission, Issad a expliqué que le désormais ex-Premier ministre Ali Benflis l'avait contacté en premier et l'avait assuré de la disponibilité des pouvoirs publics à lui assurer la liberté totale et les moyens nécessaires afin qu'il puisse mener à bien sa tâche. Juste après son installation, le Pr Issad contacte les personnes avec qui il a l'intention de travailler, la plupart se recrutant parmi le personnel ayant pris part avec lui à la commission nationale de la réforme de la justice. Tous les membres de la commission ont été désignés, précise-t-il, par lui-même, sauf deux personnes qui ont «été envoyées». Sans nommer la qualité de ces personnes, on suppose que le professeur voulait parler d'agents des services de renseignements. Mais l'orateur ne s'en plaint pas. «On m'a suggéré deux personnes. Je les ai prises toutes les deux et je ne le regrette pas. J'ai eu un peu mal à travailler avec l'une d'elles, à cause de son caractère. J'ai, en revanche, gardé des relations amicales avec la deuxième. Celui-là, en fait, on ne me l'a pas suggéré, il est venu tout seul. Mais je doutais bien qu'il était envoyé», dit-il. L'avocat s'est dit accepter ces «membres spéciaux» arguant: «Si on m'envoie quelqu'un, l'essentiel est que je sache qu'il est envoyé, s'ils sont capables de me faire avaler n'importe quoi ça veut dire que c'est moi qui suis un imbécile.» Après la tenue d'une plénière, la commission adresse le même courrier aux ministères de l'Intérieur et de la Justice, à la Direction générale de la sûreté nationale (Dgsn), à la Gendarmerie nationale, au Département de renseignement et de sécurité (DRS) et aux groupements de gendarmerie de Tizi Ouzou, de Béjaïa, de Sétif et de Bouira. Le courrier contenait une demande d'«envoi de correspondances, ordres, rapports, enregistrements des messages radio et téléphoniques, entre les 18 et 30 avril 2001 sur les wilayas de Boumerdès, Tizi Ouzou, Béjaïa Sétif et Bouira». Selon Issad, «seul le DRS a répondu par ‘‘nous ne sommes pas impliqués, ce n'est pas notre mission''» ajoutant: «Nous n'avons pas rencontré le DRS au cours de nos investigations. En revanche les autres institutions sollicitées (...) nous ont transmis des documents essentiels.» Plus loin, Issad précise: «Le DRS n'a aucun intérêt à faire plonger la Kabylie dans le chaos. Certains milieux ont, peut-être, des comptes à régler avec le DRS, héritier de la sécurité militaire.» C'est pourquoi l'avocat ne partage pas le point de vue des journaux qui auraient fait, selon lui, une «lecture étroite» du rapport en ce qu'ils l'ont pris comme une attaque contre la gendarmerie et le DRS.