Il a, néanmoins, refusé d'identifier ces “hauts personnages” de l'Etat qui ont été “punis” après la remise du rapport d'enquête présidentielle sur les événements de Kabylie. Le Pr Issad a affirmé que trois hauts responsables de l'Etat ont été sanctionnés à la suite des événements du printemps noir de Kabylie, sans pour autant révéler leurs noms ni leurs fonctions. Invité de l'émission débat, animée sur Berbère Télévision par le transfuge de la Chaîne II de la radio nationale, Abderazak Larbi-Chérif, le Pr Issad, qui avait conduit l'enquête présidentielle sur ces évènements, est longuement revenu sur cet épisode dramatique qui avait secoué la région durant le printemps 2001. Toutefois, et malgré l'insistance de l'animateur, le Pr Issad a refusé d'identifier ces “hauts personnages” de l'Etat qui ont été “punis” après les événements de Kabylie. “Les gens savent”, s'est-il contenté de répondre. Interrogé à propos de l'enquête qu'il avait dirigée, le Pr Issad a, notamment, insisté sur le fait que “tous ceux qu'il avait sollicités dans le cadre de son travail d'investigation avaient répondu favorablement”, ajoutant qu'il avait même été “surpris par les propositions de collaboration et les informations et documents mis à la disposition des enquêteurs et affluant de toutes les régions d'Algérie”. Il a même mis l'accent sur “la contribution” de hauts responsables de l'Etat qui, d'après lui, lui ont fourni “l'essentiel des informations et renseignements”. Très à l'aise, comme à son habitude et dans un langage clair et franc, il a assené “ses vérités”. “Certes, il revient à l'Etat d'assurer la sécurité et l'ordre, mais la Kabylie est aujourd'hui livrée à elle-même. Les gendarmes sont partis, mais la sécurité n'est pas assurée. La délinquance, la prostitution et l'alcoolisme ont envahi la région. Cela doit cesser”. Interrogé à propos du contenu de la charte pour la paix et la réconciliation nationale proposée à référendum par le président Bouteflika et sur les chances de ce texte de ramener la paix, il a estimé “tout cela dépendra de l'écho et de la suite que les protagonistes donneront à cet appel”. Le Pr Issad semble avoir une opinion plutôt positive sur la charte. “Même si elles ne concernent pas les événements de Kabylie, certaines de ses dispositions constituent une réponse directe aux revendications contenues dans la plate-forme d'El-K'seur”. Le Pr Issad a, par ailleurs, indiqué qu'il n'a plus revu le président de la République depuis la remise du rapport d'enquête élaboré par la commission qu'il avait présidée. “Ma mission se terminait là et je ne suis pas responsable des suites que le président pouvait donner au rapport”, a-t-il ajouté. À propos justement des responsabilités au niveau étatique sur ces événements, le Pr Issad a, encore une fois, refusé de livrer des noms, car, explique-t-il, “il n'était pas dans notre rôle de le faire”. Pour lui, seule une enquête judiciaire le permet. Il a toutefois réaffirmé sa conviction que “tout le monde sait tout et qu'il n'avait pas besoin de situer les responsabilités”. L'invité de BRTV a également expliqué qu'à un certain moment des événements de Kabylie “le contrôle a été perdu et sur la population et sur les gendarmes, ce qui a engendré autant de dégâts”. Hamid SaIdani