Comme nous l'avions signalé dans notre précédente édition, les déplacements croisés des GIA et du GSPC dans les maquis de Médéa présageaient déjà des combats meurtriers entre ces deux factions rivales. Ainsi, de sources concordantes, les massifs montagneux de Djbel Echaoun et Djbel Ellouh, à cheval entre Derrag et Theniet El-Had, ont connu, durant la semaine écoulée, de violents accrochages. La zone Ouled Hellal, Derrag et Theniet El-Had constitue un important point de chute du GSPC où des témoignages ont fait état de plusieurs mouvements terroristes étrangers à la région. Ce serait donc à la suite de ce «piétinement» zonal par le GIA que les éléments du GSPC seraient entrés en action. Des témoignages de riverains affirment que même si pour le moment les pertes subies par les deux frères ennemis ne sont pas connues, le crépitement des balles n'aurait pas cessé durant trois nuits consécutives. Pour les observateurs au fait de la situation sécuritaire, ce combat à mort qui surgit après des années de «cohabitation» géographique était prévisible et ira en s'intensifiant à la faveur d'une course non seulement pour une mainmise future sur les régions de Médéa, Chlef, Aïn Defla, mais également en vue d'une stratégie unifiée pour donner du «tonus» au retour du parti dissous à la vie politique. Mis en minorité par la loi portant concorde civile, se sentant trahi par la reddition de quelque trois cents éléments de l'AIS et repoussé dans des zones précises, le GIA aurait reçu des renforts (84 individus au total) pour jouer son existence dans la région de Médéa où la configuration physique des lieux est déterminante. C'est ce que semble avoir compris l'émir Abdelkader Saouane qui, selon des sources, revient à d'autres calculs autrement plus porteurs en s'alignant sur la ligne des fidèles aux chouyoukh. Une manière aussi de prendre sa revanche sur la faction de Benhadjar. Ce dernier, accusé d'avoir négocié seul l'offre de Tamzeguida et à l'issue de laquelle l'AIS et même le LIDD, croit-on savoir, avaient déposé les armes à Médéa. Par ailleurs, la version qui revient le plus fréquemment dans le milieu local, voudrait que le GSPC (tendance Saouane) multiplie les signes du «calumet» de la paix après avoir longuement mûri une issue honorable pour les troupes épuisées par la faim et n'ayant plus le coeur à l'«ouvrage» après la déconfiture militaire et le coup de canif des populations. Cela, d'autant que la voie de la raison a déjà inspiré les 37 repentis de Boukmouri (commune de Aziz), parmi lesquels d'anciens compagnons de Saouane comme l'émir Benothmane Sahari. Aujourd'hui décapité et les nageoires flétries, le GIA est au plus mal même si d'autres massacres de civils lui gardent ce qui reste de sa désillusion. Nous y reviendrons dans nos prochaines éditions.