Il y a des carrières qui sont conditionnées par les incontournables lois de la nature auxquelles, nous les humains, nous sommes tous, hélas, soumis. Ces carrières, tout le monde les connaît; elles reposent toutes sur les conditions et l´aspect physiques des individus. Les mannequins, les sportifs voient tous, à plus ou moins longue échéance, leur carrière stoppée par la limite d´âge, et cela bien avant l´âge légal de la retraite. Seuls les acteurs peuvent surfer, avec leur talent propre, sur les vagues du temps et adapter grâce à des rôles sur mesure, leurs rides ou leur embonpoint. Ils ont ainsi la chance de durer plus que les autres. D´autres métiers liés à la technologie sont aussi soumis à d´incessants recyclages et de nombreux stages de formation pour s´adapter aux progrès de la technique. Certains titulaires de métiers trop éphémères préfèrent se reconvertir dans d´autres créneaux, car la chasse à la performance devient aussi difficile que le mythe de Sisyphe. Mais les plus à plaindre, ce sont les hommes politiques qui ont vécu ou construit leur carrière sur un idéal, une doctrine, une philosophie, destinée à durer une éternité, et voient soudain, leurs rêves s´écrouler devant l´anéantissement de leurs motivations. Il faut s´imaginer l´état du moral des nazis à qui le Führer promettait un Reich qui devait durer 1000 ans quand les forces russes se présentèrent à la porte de Brandebourg, comme on peut comprendre le hara-kiri de beaucoup de Japonais à l´annonce de la défaite de l´Empire du Soleil Levant. Mais comment se comportent alors, les marxistes-léninistes, les syndicalistes qui ont longtemps cru à l´inéluctabilité de la victoire finale au bout de la lutte des classes, moteur de l´histoire, à l´annonce de l´effondrement de l´Urss, place forte de la dictature du prolétariat qui est la pierre angulaire de la théorie marxiste? Un syndicaliste m´a tout simplement dit en m´énumérant les leçons d´histoire, depuis la révolte de Spartacus jusqu´à l´assassinat de Spartakistes dans la République de Weimar: «la lutte continue tant qu´il y aura sur terre des humiliés, des réprouvés, des spoliés ou des exploités. Les formes de lutte et les vocables changent. C´est tout». Cependant, ce n´est pas facile de voir s´écrouler en si peu de temps l´idéal de toute une vie; et pourtant, il y en a qui, sans se lamenter sur un quelconque âge d´or, sans changer de cible et de fusil d´épaule, ont su se reconvertir. Et pourtant, il y a des hommes qui ont su se réadapter dans des luttes quotidiennes avec un objectif beaucoup plus pratique, relatif à la quotidienneté des gens: le droit au logement, la régularisation des sans-papiers, le droit à un repas régulier, la défense de l´environnement, la lutte contre les OGM. Ces combats se concrétisent tous les jours sur la planète par des manifestations, des déclarations, des coups de main audacieux (déboulonnage de Mcdonald ou fauchage d´OGM), heurts avec les forces de l´ordre lors des sommets du G8. D´autres par contre ont pris le parti d´en rire (certainement de peur d´avoir à en pleurer), ils ont pris simplement l´initiative de décerner à Cambridge (USA) des prix anti-Nobel pour récompenser les études qui font rire d´abord puis réfléchir. Des sujets aussi légers que «la sensation du décalage horaire chez les hamsters» ou «l´extraction de la vanille à partir de la bouse de vache» (à l´heure où notre pays s´apprête à importer massivement des «normandes»... Enfin, des sujets qui ne risquent pas de nuire à l´environnement, à la paix sociale, ou aux réconciliations de tous genres!