Les lois seules et leur rigoureuse application ne peuvent venir à bout du mauvais voisinage. Comme si la justice n´avait rien sous la main, voilà que des voisins s´adonnent à des coups et blessures. Quarante jours d´incapacité. Des mots et des maux! Trois citoyens debout, devant le juge qui en avait par-dessus la tête devant des déclarations contradictoires haineuses, dures et incontrôlées. Maître Lamouri Benouadah s´en est mêlé. Le verdict, lui, était inattendu...car l´avocat de Dar El Beïda (Alger) va devoir soulever des montagnes pour pousser Mohamed Yahiaoui, le président à dominer le sujet. Le prévenu est un sportif, cycliste des années 71/80. La victime est un retraité. Ils ont deux versions diamétralement opposées. Le prévenu nie avoir balancé deux baffes. La victime est catégorique: «Remonté à bloc par son épouse, il est de venu blanc, rouge, c´est dire la violence des coups assénés...», a raconté le vieux, face au juge de Hussein Dey (cour d´Alger) qui a sèchement rappelé à l´ordre l´inculpé qui s´est rendu coupable, outre de coups et blessures volontaires, de...diffamation. Il a traité de corrupteur la victime et ce, à la barre, et cela est strictement interdit et que la bienveillance veut que les parties au procès se respectent d´abord. Les faits se sont déroulés durant la dernière semaine de juin. Outre, le drame de l´affaire, il y a eu des moments où le fou rire l´a emporté puisque même la victime s´y est mise: «C´est nous qui avions fait de lui (le prévenu) un homme». Et le président de répliquer: «Ce n´est pas bien d´élever des hommes et de les insulter ensuite». Ici la morale, distribuée gracieusement, prépare un verdict généralement lourd à supporter, surtout que Yahiaoui ne rigole jamais dans le vide. La seconde victime, un jeune de 30 ans, témoigne que Rafik, le prévenu, avait poursuivi son épouse et sa soeur jusqu´à l´intérieur de la maison et les a agressées. «Vous étiez présent?», a demandé le président. Il obtient un timide «on m´a raconté», puis un autre: «C´est une histoire qui dure depuis des lustres». Le magistrat est alors fixé sur cette triste histoire de familles, de voisins, qui déversent les eaux usées devant le magasin du prévenu. Puis les maux ont remplacé au pied levé les mots. La mêlée précède les procédures de la police judiciaire qui devancent les auditions par-devant le procureur et qui se terminent à la barre. Plaidant juste et sec, Maître Lamouri va élever contre cette méthode utilisée par certaines victimes qui veulent s´imposer face au tribunal et donc mener les débats à leur guise, allant parfois jusqu´au bluff sans étaler les moindres preuves... «Monsieur le président, il plaît à la défense d´attirer l´attention du tribunal que beaucoup de zones d´ombre planent. Pourquoi ne pas aller au complément d´informations pour arriver à la vérité», siffle l´avocat. Le verdict dicté par le magistrat met O.K. tout le monde en ordonnant une enquête complémentaire. C´est sage comme décision. Rendez-vous donc sous peu. Et d´ici là, les antagonistes auront plusieurs mois pour se calmer, oubliant leur haine réciproque, effaçant les gros mots et les maux «crus», l´insulte, l´injure, l´invective. Notre société, déjà très mal en point, n´en a pas besoin. Tout comme nos juridictions qui plient sous de monstrueux rôles, les magistrats, préfèrent se passer des citoyens en mal de paix, d´absence de bon voisinage et surtout d´absence de civisme, de compréhension, de dialogue, et tout et tout. Et lorsque vous posez la question aux juges du siège, ces derniers, étranglés par la réserve, répondent du regard, un regard éloquent qui en dit long sur l´état d´âme et d´esprit de ces précisément magistrats. Les lois ont beau être revues, ces comportements, eux, sont toujours là, défiant et les lois et les hommes en robe noire. Seule l´éducation de base peut venir à bout de cette malheureuse situation.