Le bac est une affaire «trop politique pour la laisser entre les mains d'apprentis syndicalistes», laissent entendre certaines sources. L'administration n'hésiterait pas à recourir à des substituts pour déjouer le plan des enseignants grévistes, qui comptent jouer la carte du boycott de la correction du bac et de la remise des notes du troisième trimestre. A Alger, la grève des enseignants se poursuivra jusqu'à demain, alors que ça peste à la Coordination nationale autonome des enseignants de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) où l'on rejette en bloc, toute référence à la Coordination des lycées d'Alger, laquelle, faut-il le rappeler, a pu, récemment, drainer un taux de suivi de grève avoisinant les 95 % - d'après les chiffres qu'elle avait communiqués. La coordination des enseignants, quant à elle, assimile la coordination d'Alger à une simple dissidence. A la limite et en termes à peine voilés, elle lui attribue le qualificatif de paternalisme stalinien. Mais quoi qu'il en soit, il faut tout de même rappeler que le bouillonnement revendicatif qui caractérise les lycées ces derniers temps, serait le fruit d'un activisme de plus de dix années, à la limite de la clandestinité. N'est-il pas vrai que, de l'aveu même du président de la Cnapest en instance d'être agréée, le monde de l'éducation est resté trop longtemps sans défenseurs. La nouveauté est que, contrairement à la coordination qui n'a jamais transcendé les frontières de l'Algérois, la coordination est en passe de réussir le transfert d'une crise - confinée dans la capitale - au reste des wilayas du pays. Face à cette agitation syndicale et par la grâce du nouveau gouvernement, nous constatons le retour de Benbouzid aux commandes de l'Education en remplacement de Nouredine Salah qui s'est contenté de gérer le statu quo dans ce secteur hautement stratégique. Bien que membre de la commission Benzaghou, ce dernier n'a pas eu toute latitude d'engranger le déclic escompté. D'aucuns diront qu' «il se serait heurté aux représentants du baâthisme qui font de certaines institutions de l'Etat leur véritable place forte». Adepte du changement et connaissant mieux que quiconque la maison, «l'inamovible Benbouzid» sera-t-il en mesure cette fois-ci, à faire bouger les choses. Et surtout dénouer la situation d'impasse actuelle. Ou est-il simplement appelé comme pompier pour calmer la grogne des professeurs du secondaire et faire passer le cap fatidique du bac. Cela au moment où les enseignants réclament plus que jamais des augmentations conséquentes de salaires, «à même de rétablir une injustice qui n'a que trop sévi dans l'échelle des valeurs de la société algérienne». Une échelle des valeurs que tous les syndicalistes appellent à revoir notamment par le truchement de sérieux aménagements à apporter au statut de la Fonction publique; un statut maintenu sous le sceau du tabou par le fait du prince. C'est dans ce sens que le front social connaît cycliquement des flambées revendicatives notamment à l'université touchée, elle aussi, par un mécontentement dont se réclament, cette fois, les travailleurs de l'université d'Alger qui menacent, à leur tour, d'une grève illimitée; rejoints en cela par ceux de l'Office national des oeuvres universitaires (Onou) réclamant des augmentations de salaires, des primes, le statut de la Fonction publique et une distribution de logements plus équitable. Du coup et après plusieurs mois d'accalmie, le secteur de l'enseignement supérieur se joint aux autres secteurs en ébullition, notamment ceux de la santé et de l'éducation.