Des voisins s´insultent, l´un d´eux pousse un mur qui tombe...Ce «Samson» explique à...Linda... Selon l´unique témoin d´une affaire de coups et blessures volontaires, le jeune inculpé n´a rien à voir avec le délit. Ahmed D. l´inculpé qui traîne aussi le port d´arme blanche prohibé n´arrive pas à s´exprimer, vu son jeune âge et sa timidité. Il s´avèrera, selon la victime, que ce témoin est lui, aussi, impliqué dans le dossier. Il est apparu que la victime avait été blessée lorsqu´elle avait violemment poussé le mur fraîchement érigé. «Vous voulez dire que la victime était tombée contre le mur?», interroge Linda Saâdeloud, la présidente du pénal du tribunal de Boudouaou, cour de Boumerdès. La réponse est «oui», sortie des bouches de Ahmed D. et de celle du papa témoin. La victime demande réparation bien qu´elle ait reconnu avoir poussé le mur...Touidjini, le procureur, demande une peine de deux mois de prison ferme, alors que la magistrate n´arrivait pas à imaginer comment s´est effondré le mur. Et c´est la victime qui va préciser que les briques et parpaings l´avaient touché en s´écroulant. Ah! la légende de Samson dans la tête de cette Linda! Maître Kamel Saïdi va corriger le concept du PV de la police judiciaire et la juge de l´aider: «A titre indicatif seulement, ces PV». L´avocat de Ahmed D. va alors s´étaler sur les faits avec l´aimable silence de la présidente, pourtant championne de la célérité dans l´examen des affaires inscrites au rôle. Il va même expliquer que la pseudo-victime n´a pas réussi à faire avaler sa version des faits au tribunal, surtout avec cette histoire d´écroulement d´un mur sous la poussée de la victime. Invité par la présidente à imaginer la chute d´un mur que l´on pousse de l´extérieur, le procureur de l´audience avait compris que le mur n´était pas encore «sec» et c´est pourquoi la chute. Plus pointilleuse, Saâdoud, la juge, a certainement attendu un aveu du père-témoin et du fils inculpé vainement. Certes, les insultes, les coups et blessures volontaires n´existent pas s´il n´y a pas de témoins ni certificat médical appuyant les deux plaintes contre ce père de famille et son rejeton qui était très mal à l´aise à la barre. La présidente va alors tenter un coup qui peut être le sésame et la clé du dossier. «Dites-nous un peu, inculpé, lorsque la victime qui a bien certifié avoir poussé le mur avait fini l´opération destruction, est-ce que vous vous êtes retirés des lieux de peur de recevoir les parpaings sur le corps?» La réponse viendra, non pas de l´inculpé, mais de la victime qui a reconnu que les pierres étaient tombées sur et autour de lui. «Donc, enchaînera la juge de Boudouaou ni Ahmed D. ni son père ne vous ont touché? Le tribunal ne va pas passer la journée à essayer de vous soutirer la vérité. Si vous n´êtes pas sûr de vos propos, il est inutile de faire perdre son temps au tribunal». La victime sursauta, envahi par une soudaine peur bleue. Elle assura que cette famille l´avait insultée...et...Saâdeloud tape sur le pupitre: «Ça y est, nous allons revenir à la case départ. Nous étions au pied du mur que vous aviez poussé et ensuite?» mâchonne la magistrate, l´index en l´air. Silence suivi d´un autre. Eloquent silence. Cette victime était venue à Boudouaou enfoncer Ahmed et son père. «Quelles sont vos demandes?» dit la juge. La victime répond ce qui était prévisible: «Un châtiment exemplaire pour ces hagarine!» La dame, le visage net, le regard parlant articule: «Ah! non ce n´est pas à vous d´effectuer ces demandes. Monsieur le procureur est ici pour le faire. Que voulez-vous à titre de dommages et intérêts?» La victime crache: «Deux millions» sans autre précision. Touidjini demande une amende de vingt mille dinars. Après une courte mise en examen, Ahmed et son papa s´en tirent avec une bonne relaxe car le dossier et les débats ont montré le vari visage de l´affaire.