C´est devenu cyclique: de nos jours, il y a des affairistes à la barre avec une «équipe» de victimes d´escroquerie. Mustapha Dahmani, l´inculpé d´escroquerie à l´encontre de quatre victimes, faisait une tête face à Leïla Fellouh, la présidente de la section pénale du tribunal de Boufarik (cour de Blida), mais alors une tête, on ne vous dit pas plus. Il est vrai que les quatre hommes avaient eu l´occasion de se plaindre du comportement de ce Dahmani, lequel a donné sa version des faits, se présentant comme un aide de camp plutôt qu´en escroc. «Je fais ce que je peux lorsque je m´engage dans une opération donnée. Je n´ai obligé personne à se rapprocher de moi. Il est vrai que je monnaye mes services, et généralement, les gens sont contents.» En l´écoutant, Maître Mokhtari, l´avocat des deux victimes, ne tient pas en place. Maître Issad, elle, bien installée en face du pupitre, dans une position debout qui la voit, de temps à autre, prendre des notes, est presque pressée d´avoir son mot à dire autour des maux qui touchent ses deux clients-victimes. Djamila Benkhettou, la procureure de l´audience, a bien réussi à obtenir des réponses, juste de quoi l´édifier, elle, la championne de l´opportunité des poursuites, et lui permettre de bien requérir sans passer à côté du sujet. Une à une, les victimes vont revenir aux faits, comme si elles voulaient entendre la sentence du tribunal. C´est dire si elles sont loin des procédures, des us et coutumes. Dans ce domaine, Hassiba Rahali, cette splendide magistrate, arrive à calmer les ardeurs tout en ayant à l´oeil le statut de victime des...victimes. Oh, oui, Fellouh aussi possède ce don, mais rendre justice à Boufarik et à El Harrach donne le tournis aux initiés, et ce n´est pas ce turbulent avocat Maître Mokhtari, venu de la ville des Roses, qui va soutenir le contraire. Les débats se déroulent dans la sérénité la plus totale jusqu´à ce que la présidente passe la main aux plaideurs. «Enfin!» a dû se dire le premier plaideur. Maître Tahar Mokhtari use de l´intonation de ses puissantes cordes vocales pour stigmatiser et descendre en flammes l´inculpé d´escroquerie à l´encontre de sept victimes qui ont laissé plusieurs centaines de millions sur le carreau. Faisant miroiter l´obtention de lots de terrains imaginaires, il a réussi à amasser une somme colossale. «C´est impensable. C´est inadmissible. C´est péché, même ce qui se passe au sein de notre société. Prendre les créatures d´Allah pour des pigeons bons à déplumer n´est pas indiqué. C´est pourquoi, nous avons des demandes en réparations à présenter au tribunal», dit l´avocat qui passe le flambeau à sa jeune consoeur. Maître Amina Issad, l´avocate des quatre victimes d´escroquerie, a dit l´inculpé-détenu, va étaler son savoir-faire en décortiquant le dossier pour mettre hors de cause ses clients. Il avait dit à Leïla Fellouh, la présidente de la section correctionnelle de Boufarik (cour de Blida), que son métier était d´escroquer à tout-va Et ce Dahamni Mustapha n´est pas n´importe qui. Il a l´art de retirer des documents que le commun des citoyens ne peut réaliser dans le même temps. Quant à cette Zoubida B., qui avait protesté contre le détenu, lequel avait affirmé qu´elle était son épouse - deux témoins et fatiha lue - elle a juré ne pas connaître cet individu. Djamila Benkhettou, la procureure, requiert cinq ans ferme. L´avocat de Dahmani a mis l´accent sur cette fameuse carte nationale d´identité égarée appartenant à cette non moins fameuse Zoubida B., axe central de ce dossier, outre les sept victimes qui n´avaient pas le couteau sous la gorge pour aller voir l´inculpé, chargé de leur dégotter des lots de terrain à construire. «Ce n´est pas un escroc. Il est plus qu´innocent», conclut l´avocat qui devra attendre pour le verdict: Dahmani est condamné au sursis.