Une rixe éclate. Quelqu´un brandit un poignard. Deux délits graves. Deux inculpés dans de sales draps... «J´ai pris peur... et je...», a reconnu d´une manière gauche, si gauche que Nadia Mamèche, la...courageuse présidente de la section correctionnelle du tribunal de Boufarik (cour de Blida) avait stoppé net: «Un gardien qui a peur? C´est curieux. Donc, vous n´êtes pas à votre poste», dit la juge sentencieusement avant d´ajouter: «Le dossier vous met en position d´inculpé, alors arrêtez de dribler avant d´aller à la vérité car personne ne croira qu´un gardien a eu peur d´un jeune ivre mort qui tient à peine debout.» «Oui, vous avez raison, je plaide coupable de coups et blessures car je me suis protégé évitant un coup de couteau peut-être caché quelque part», reconnaît les yeux mi-clos le détenu qui fait enfin sourire Mamèche, bien dans la peau d´une bonne juge qui sait poser les bonnes questions. Sidi Moussa, le deuxième détenu, est à son tour invité à se mettre à table. D´emblée, il évite d´aborder le brandissement de l´arme blanche. «Attention, Sidi Moussa, sur le procès verbal d´audition, vous aviez dit la vérité sans pression aucune. Et ce mardi, vous êtes plus à l´aise pour continuer sur votre lancée et faciliter le boulot du tribunal», lance la présidente qui va être rassurée car le détenu dit tout. Depuis l´intrusion de ce qu´il croyait être des voleurs jusqu´au brandissement du couteau. Le troisième intervenant va commencer par l´arrivée des gendarmes. Il affirme n´avoir jamais entendu parler d´une quelconque tentative de vol à l´encontre de ce chantier. Puis vint le tour des quatre témoins de la rixe. La moitié n´a rien vu. On se demande qui les a convoqués et surtout pourquoi, puisqu´il n´avaient rien à dire. Pour Maître Mohamed Hanane, ce dossier de rixe en est à sa quatrième «chanson». «Nous avions trois scénarios avec ces trois agents de sécurité. Nous en sommes au quatrième. Cela a commencé par la tentative de vol de trois jeunes, l´alerte vite donnée et donc pourchassés par des gardiens armés de couteau. Sidi Moussa, le deuxième inculpé a affirmé avoir pris un maraudeur et, curieusement, les témoins ne confirment pas cette version», s´est écrié l´avocat qui reproche à la victime de coups et blessures de dire n´importe quoi. Rachid a dit qu´il ne pouvait rien faire car le gardien était armé d´un couteau. «Trois jours après, il revient sur ses dires. Ce n´était plus Mokhtar mais Sidi Moussa», poursuit le défenseur qui dit sa gêne de plaider les procès-verbaux ou les débats de ce mardi à la barre, a ajouté le conseil qui va arrêter sa plaidoirie par un appel au tribunal qui devra éloigner les déclarations d´un inculpé à l´encontre d´un autre inculpé. «C´est la loi», avait conclu l´avocat qui s´était entre-temps, offusqué que des gardiens armés d´armes blanches courent derrière des gens qui ne leur ont rien fait ou dit. Heureuse comme jamais d´en avoir terminé, Mamèche annonce la mise en examen de l´affaire alors que Maître Hanane se rasseoit aux côtés de Maître Amine Morsli et maître Abdelghani Houari constitués tous les deux dans deux dossiers de détention et usage de stups et d´escroquerie. Ah! ces avocats amis-adversaires et tout, et tout!...