Quelle est cette loi qui voudrait que l´on ne jette plus jamais aux «fers», un auteur d´accident sur la route lorsque... Quel est ce noir destin qui a amené un Oranais né en 1965 à écraser un homme sur l´autoroute ou si l´on veut les voies rapides au niveau de la limite de la daïra de Hussein Dey (Alger). Et le sinistre s´est déroulé la nuit. L´inculpé d´homicide involontaire est détenu pour la circonstance: «Pour sa propre sécurité», nous dira un parquetier endurci qui s´obstine à envoyer l´auteur de l´accident mortel à «l´abri» d´une quelconque vendetta. Cet Oranais de cent quatre vingt neuf centimètres arriva donc face à Bahia Allalou-Tabi, la juge de la section correctionnelle de Hussein Dey (cour d´Alger) dans un état lamentable. Il tue à la suite d´un stupide accident sur l´autoroute, à hauteur de la gare routière du Caroubier, vers les vingt et une heures car le crépuscule de cette fin octobre 2008 se situe vers les dix-sept heures cinquante et le voilà incarcéré. Et nous écrivions donc qu´il arriva à la barre dans l´état d´un être détruit par un sale coup du sort et il le sera encore plus lorsqu´il s´apercevra à sa droite, de la présence de la veuve venue, elle, et ce sera le seul point «blanc» de cette audience, pardonner car comme le criera Maître Djamel Fodil, le conseil de l´inculpé, «elle croit dur comme fer en Allah, et au "quada ouel qadar"». La tête mi-baissée, Tabi-Allalou, cette présidente qui n´aime pas de tragédie dans «sa» salle d´audience, décide de renvoyer le procès peut-être pour permettre aux douleurs des uns et des autres de «refroidir», elle n´a même pas encore fixé la date que le massif Maître Fodil se précipite à trente centimètres du pupitre de la magistrate, comme pour mieux se faire entendre: «Du calme, Maître, si vous avez une quelconque demande, attendez au moins que le tribunal annonce la date du renvoi!» Le silence de l´assistance ajoute encore plus de solennité aux événements qui se déroulent à mille à l´heure. «Madame, revenez la semaine prochaine, le temps que vous vous organisiez dans vos demandes ou de constituer un conseil. Rendez-vous donc le 5 novembre 2008», tranche Tabi-Allalou qui se tourne vers Maître Fodil qui ne tient pas en place: «Madame la présidente, c´est un spectacle insupportable pour cette malheureuse veuve que d´avoir perdu son époux et de voir cet autre homme qui n´y était pour rien dans ce malheur, incarcéré et sortir du box sous l´oeil vigilant du policier...» «Maître, avez-vous une demande?» coupe la juge, visiblement pressée d´en finir avec la tristesse de ce dossier. «Oui, Madame la présidente, nous vous demandons de permettre à ce monsieur de rentrer chez lui passer le 1er Novembre auprès de sa famille et il sera ici le 5.» Allalou Tabi regarde Halim Boudraâ, ce sympathique procureur qui ne voit pas d´inconvénient à cette mise en liberté provisoire. «Avez-vous débuté le jeûne?», marmonne Tabi en direction du détenu qui répond: «Non, pas encore mais je vais commencer demain jeudi et achever les deux mois», reprend l´air visiblement abattu par huit jours et nuits d´incarcération qui ont beaucoup plus fait mal aux proches et amis de Madjid qu´à lui qui ne va pas oublier de sitôt cette nuit de la fin octobre 2008, une maudite nuit qui a vu un individu tenter d´enjamber une seconde ridelle après avoir réussi la première, être renversé sur le bitume humide et être la cause d´un grand drame. «Quel est son tort? De rouler vite à vingt et une heures sur une autoroute quasi vide?», susurre Hadj Baziz, un ami du détenu. Les membres de la famille venus en nombre d´El Bahia sur El Bahdja, voulaient eux aussi savoir. Ce sera justement El Bahia Allalou-Tabi qui, infligea un sursis à l´auteur de l´homicide involontaire, délit qui porte son nom...