La juge de Boufarik a mis l´index sur les blessures involontaires sans trop retenir l´état de fuite... Ce n´est un secret pour personne que le fléau numéro un de notre pays demeure le terrorisme... routier. La route supporte tous les jours des morts, tous tués... accidentellement, mais tués tout de même. Et pourtant, la loi qui vient d´être endurcie ne peut pas, à elle seule, régler le problème, celui de l´homicide et des blessures involontaires. Les juges peuvent eux-mêmes être confrontés à de regrettables procès dus à la maladresse, l´imprudence. Quant à ceux qui boivent et prennent le risque de s´installer derrière le volant tuant... accidentellement, ne peuvent être que des criminels et être jugés comme tels. L´idée fait son chemin. En attendant, cela va mal. -Med est un véritable chauffard. Il bouscule les gens avec son véhicule et détale... -Med est récidiviste en matière de délit de fuite à la suite d´accidents de la circulation. Cette fois, le sinistre et la fuite ont eu lieu au marché de Boufarik selon l´inculpé, celui de Bougara selon la victime. «C´était en juillet 2009», se rappelle la victime, qui ajoute qu´elle avait à ses côtés Hamid, le propriétaire du RL., un poids lourd aux papiers «réglo». Le bonhomme est visiblement lourd à la détente. Il veut même crier: «En sortant du marché, il m´a coincé le bras droit et la jambe droite qui sont rudement touchés. Et sur ce, il ne s´est pas arrêté, il ne s´est point inquiété sur mon sort et ne s´est pas déplacé au poste de police ou du moins venir s´excuser des blessures causées. Il ne mérite aucune clémence», murmure presque la victime, aidée spontanément par Maître Bachir qui s´est levé pour effectuer les demandes de dommages et intérêts et la visite d´un autre expert de dommages de vingt milliers de centimes. Debout, Abderraouf Kouchih, le parquetier, réclame «un an» de prison en insistant que «si un accident relevait du Qadha oul Qadar, le délit de fuite est un vrai grand délit à combattre incessamment car il y a risque de non-assistance à personne en danger et cela est aussi puni par la loi», machonne Kouchih. L´inculpé pleure. Ah! les remords! «Dans ce dossier, la victime s´en est sortie, certes vivante, mais handicapée avec des fractures à la jambe et au bras droit», souligne le représentant du ministère public dont le visage brun, démontre si besoin est, les traits tirés par ces douloureux comportements. Pour l´inculpé, Maître Morsli regrette ce qui est arrivé à la victime et met en valeur le nombre croissant des accidents de la circulation et demande expressément le sursis, car une grande famille dont six enfants l´attendent, lui, le seul soutien avant d´aller au fond des termes du Code de la route, le nouveau qui donne de larges prérogatives au juge. Nadia Mamèche, regarde l´inculpé: «Il fallait penser à votre famille avant le sinistre», dit-elle avant de se dépêcher de transcrire; illico-presto, le dispositif, puissamment pesé depuis le réquisitoire du sympathique Abderraouf Kouchih, qui, à chaque audience, tout comme le jeune Hamza Farès et la bouillonnante Djamila Benkhettou qui a eux trois, donnent un plus au parquet de Boufarik, un parquet toujours «orné» de jeunes magistrats ambitieux et sereins qui viennent, par à coup, donner un sérieux coup de main à Mamèche, Boudmagh, Leïla Fellouh et à la toute dernière arrivée, sur le terrain du pénal, Yasmine Messaïli, une prometteuse juge du siège, pour ce faire, il n´y a qu´à se déplacer à ses audiences pour la voir à l´oeuvre. Quant au verdict, il aura vu l´inculpé de blessures involontaires et d´état de fuite, écoper d´une peine de prison de un an, assortie du sursis, l´indulgence du tribunal ayant apporté de l´eau au moulin.