«Le cinéma français, c´est une colonie de fourmis qui filme des fourmis.» Sophie Marceau, extrait du journal Le Journal du Dimanche - 16 octobre 1995 Encore une fois, on soulèvera l´inexistence de véritables critiques de cinéma en Algérie. En regardant les comptes rendus de la presse, on constate qu´on fait toujours fausse route en écrivant et ciblant à côté, trompant ainsi l´opinion en déclarant que Mascarades a décroché le Grand Prix du Festival de Dubaï. La réalité est tout autre. Pour s´en rendre compte, il suffit de consulter le site du Festival de Dubaï pour découvrir que Lyès Salem a décroché le Prix du meilleur film arabe du Festival de Dubaï. Car, ce Festival a la particularité de créer deux sections séparées. La section des films arabes et la section des films africains et asiatiques (on se demande d´ailleurs pourquoi les Africains ont été séparés du Monde arabe et joints aux pays asiatiques). Mascarades, techniquement très soigné et dont l´histoire simple et comique, a réussi à capter l´intérêt du jury du Monde arabe comme au Caire, pour décrocher le Prix du meilleur film arabe. Le Prix du meilleur film asiatique a été attribué à Treeless Mountain réalisé par le Coréen So Yong Kim, alors que le Prix du jury a été remporté par le Japonais Hajime Kadoi pour son Kyuka (Vacation). Une section où les Asiatiques ont plus de maîtrise sur le visuel et le jeu des comédiens. Une section dans laquelle Mascarades n´aura pas trouvé sa place et son statut de film algérien favori, français et arabe, juste bon pour les festivals régionaux. Alors que le film de Zaïmèche a décroché le Prix spécial du jury. Pour ce faire, le réalisateur français d´origine algérienne a changé le titre de son film Dernier maquis, avec lequel il s´est présenté à Cannes (sans succès), pour le retitrer Adhan, considéré par les champions du marketing comme un titre politiquement arabe... Ecarté des grands festivals européens, comme Cannes, Rome, Berlin, Venise, Locarno, il s´est rendu compte que le meilleur moyen de rentabiliser le film, c´était de s´attaquer à la réalité algérienne et d´aller dans les festivals où les Algériens ont le plus de chances, les festivals arabes tels que Carthage, Le Caire ou Dubaï, suivant ainsi le même chemin parcouru par Djamila Sahraoui qui prend désormais le même avion que Lyès Salem. Ce dernier a également remporté le Prix de l´International federation of film critics, où étaient présents des Egyptiens, des Français et des Marocains qui ont défendu le film algérien bec et ongles. Mais à côté de ces deux films franco-algériens, un grand film algérien est passé à côté de son important sujet, Benboulaïd, qui est reparti bredouille de ce festival où le copinage et les lobbys font fureur. Rachedi, qui connaît bien ce festival pour l´avoir fréquenté, aurait dû y réfléchir à deux fois en prenant son film, qui n´a pas bénéficié de toute l´attention et l´intérêt des jurys et des organisateurs. Si l´Algérie a gagné un talentueux Lyès Salem, elle a vraisemblablement perdu son maître de guerre, Ahmed Rachedi, dont le style et le talent ne sont plus à confirmer. On aurait souhaité que Benboulaïd soit totalement pris en charge par Ahmed Rachedi au lieu de le confier à un producteur qui ne connaît rien à la production et qui nous offre une version inachevée d´un grand héros. Quoi qu´il en soit, Mascarades a sauvé l´année cinématographique algérienne avec les deux Prix du meilleur film arabe remportés au Caire et à Dubaï. Mascarades se place dorénavant comme le meilleur film arabe de l´année et il passera à la vitesse supérieure, s´il est sélectionné parmi les cinq meilleurs films étrangers, le 22 janvier prochain.